![Japon : un mystérieux trader masqué intrigue la Bourse de Tokyo Japon : un mystérieux trader masqué intrigue la Bourse de Tokyo](/data/posts/2022/07/23/1658548466_Japon-un-mysterieux-trader-masque-intrigue-la-Bourse-de-Tokyo.png)
Derrière le pseudo Okasanman se cache l'un des financiers les plus influents du Japon sur Internet. Mais jusqu'ici personne n'a réussi à percer le mystère de son identité.
Il est le nouvel oracle de la finance japonaise. Ses paroles sont guettées par les investisseurs et son compte Twitter a davantage d’abonnés que celui de la Banque centrale japonaise. Mais personne ne sait qui se cache derrière le pseudonyme Okasanman, a constaté, lundi 15 janvier, la chaîne économique Bloomberg, qui a tenté de démasquer cet internaute qui peut par un simple gazouillis faire fluctuer l’index Nikkei.
“Son message m’a sauvé la mise”, “ses tweets sont absolument cruciaux pour nous” : tels sont quelques-uns des témoignages de financiers japonais recueillis par Bloomberg au sujet du mystérieux Okasanman.
Rapide comme un Shinkansen
Son secret : tweeter plus vite que son ombre. Son fil Twitter est souvent le premier à relayer une information susceptible d’avoir un impact sur les marchés, dans des domaines aussi variés que la sortie d’un film Pokémon, un remaniement ministériel ou encore une fusion-acquisition.
Okasanman a dégainé le premier sur Twitter au sujet de la décision de la Banque centrale japonaise d’imposer pour la première fois, fin 2016, des taux d’intérêt négatifs, alors même que les gouverneurs de l’institution venaient tout juste de terminer leur réunion. C’est lui aussi qui, en plein mois d’août 2017, a découvert le premier, dans une obscure revue locale, des indices suggérant l’échec d’une très attendue méga-fusion dans le secteur pharmaceutique.
Il est moins un chasseur de scoops qu’une impressionnante machine à dégoter la bonne information, au bon endroit, au bon moment. Communiqués de presse, documents financiers, articles, message sur les réseaux sociaux : Okasanman semble avoir accès à tout et être capable de les parcourir plus vite qu’un Shinkansen (TGV japonais).
“Comment peut-il être aussi rapide ?”, s’interroge le financier Hajime Sakai. Ce gérant d’un fonds doté de près d’un demi-milliard de dollars n’est pas le seul à se le demander. Okasanman poste en moyenne une centaine de messages par jour sur Twitter, commençant parfois son sacerdoce à 00h30 pour s’arrêter 23 heures plus tard.
Son influence est devenue telle qu’une mauvaise blague de sa part peut être prise au sérieux et provoquer un début de panique. En novembre 2016, il avait ainsi tweeté que “Kuroda organisait une conférence de presse pour annoncer sa démission”. Emballement dans la twittosphère des financiers : un départ de Haruhiko Kuroda, le directeur de la Banque centrale, pourrait avoir de profondes répercussions économiques. Quelques minutes plus tard, Okasanman précise qu’il parlait de Hiroki Kuroda, le joueur de base-ball… bien sûr.
Fan de science-fiction et finnophone
La foi placée dans les messages d’Okasanman a rapidement soulevé le problème de son identité. Quelle crédibilité peut-on accorder à un financier masqué dont personne ne connaît l’autorité réelle dans les domaines qu’il couvre à longueur de tweet ? Mais les indices sont rares. Sa photo de profil sur Twitter sort d’un manga et sa description indique qu’il serait un trader, intéressé dans les nouvelles technologies, la science-fiction et la musique de Haruomi Hosono et Ryuchi Sakamoto (deux chanteurs japonais). Il affirme aussi s’y connaître en psychologie et parler l’anglais et le finlandais.
Parfois sur son fil twitter, il laisse quelques pistes supplémentaires. Il évoque parfois son chat et parle de quartiers de Tokyo qu’il connaît bien… comme s’il y habitait. Évidemment, rien ne dit qu’Okasanman est un homme et non pas une femme… ou qu’il y ait plusieurs personnes derrière ce compte.
Sur la twittosphère japonaise, où découvrir l’identité d’Okasanman est un sport comme un autre, certains ont des idées plus précises. Pour l’investisseur Katsuhiro Yoneshige, il doit avoir plus de 30 ans car certaines de ses références culturelles ou sa manière de s’exprimer ne correspondent pas aux us et coutumes des jeunes japonais.
Mais ce qui interpelle peut-être le plus ces financiers, c’est que les informations qu’Okasanman réussit à trouver valent de l’or et qu’il les met gratuitement à disposition de tous. Pour des professionnels mus essentiellement par l’appât du gain, une telle générosité ne s’explique pas...