À Vienne, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont bravé le froid samedi pour afficher leur opposition à la participation de l'extrême droite au nouveau gouvernement. Ils redoutent un retour aux "heures sombres" de l'histoire du pays.
Plus de 20 000 manifestants ont défilé à Vienne, samedi 13 janvier, contre la coalition entre la droite et l'extrême droite, au pouvoir depuis près d'un mois en Autriche, à laquelle ils reprochent ses positions sur l'immigration et son programme social.
Dirigé par le jeune conservateur Sebastian Kurz, vainqueur à 31 ans des législatives du 15 octobre, le nouveau gouvernement autrichien formé mi-décembre a intégré six ministres d'extrême droite à des postes clés, dont Heinz-Christian Strache, chef du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ) et vice-chancelier.
"Ne laissons pas les nazis gouverner"
Sur les pancartes, on pouvait notamment lire "Résistance" et "Ne laissons pas les nazis gouverner".
"Ce que je crains le plus, c'est que ce genre de gouvernement se banalise, devienne la nouvelle norme", confiait à l'AFP Christa, une manifestante de 55 ans, tandis que Tobias Grettica, un Allemand de 47 ans, disait être "inquiet de voir le nationalisme progresser partout, pas seulement en Autriche".
Organisée à l'appel d'organisations de gauche et de la mouvance antiraciste, la mobilisation, la première de cette ampleur depuis l'installation du gouvernement, a rassemblé un public de tous âges, dont beaucoup de familles.
De nombreux slogans faisaient référence à l'histoire du pays, 80 ans après l'Anschluss, l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie en mars 1938, et la mise en place d'un régime autoritaire fasciste.
"S'il vous plaît, pas encore", proclamait une pancarte tandis qu'une banderole avertissait : "Ceux qui tolèrent Kurz et Strache auraient applaudi 1938".
Anna, 23 ans, disait manifester contre "un gouvernement qui veut diviser la société, diaboliser les minorités, rogner le droit des femmes, dévaloriser la solidarité". Une autre manifestante s'inquiétait de la promotion "d'un modèle familial normatif qui encourage les femmes à rester à la maison".
Deuxième coalition entre droite et extrême droite
C'est la deuxième coalition formée entre conservateurs (ÖVP) et FPÖ en Autriche, après une première expérience de gouvernement au début des années 2000. L'alliance des deux partis avaient à l'époque suscité la réprobation internationale et entraîné des sanctions européennes. De nombreuses manifestations avaient alors eu lieu en Autriche, dont les plus massives avaient rassemblé jusqu'à 250 000 personnes.
La nouvelle majorité a recueilli près de 60 % des suffrages aux législatives d'octobre, après dix ans de coalition centriste entre droite et sociaux-démocrates.