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Présidentielle tchèque : le président sortant, Milos Zeman, en tête du premier tour

À l'issue du premier tour de la présidentielle tchèque samedi, le présidant sortant Milos Zeman a recueilli 38,58 % des suffrages. Le duel au second tour entre cet eurosceptique et le pro-UE Jiri Drahos, 26,59 % des voix, s'annonce serré.

Les Tchèques retourneront aux urnes les 26 et 27 janvier pour un duel présidentiel entre le chef de l'État sortant, le prorusse Milos Zeman, arrivé en tête du premier tour, organisé vendredi 12 et samedi 13 janvier, et un rival sérieux, le pro-européen Jiri Drahos.

Un écart important sépare les deux adversaires : M. Zeman, 73 ans, connu aussi pour ses opinions prochinoises et antimusulmanes, a obtenu 38,59 % des suffrages, selon les résultats officiels portant sur 99,89 % des bulletins, communiqués par le Bureau national des statistiques, tandis que M. Drahos, 68 ans, ancien patron de l'Académie des sciences, en a réuni 26,59 %.

Il n'empêche, on s'achemine vers "un duel serré", a estimé l'analyste indépendant Jiri Pehe, interrogé par l'AFP.

Reports de voix

En effet, selon un sondage, Jiri Drahos, auquel ses critiques reprochent un manque d'expérience politique, pourrait l'emporter au second tour, grâce aux reports de voix.

Pour M. Pehe, "Milos Zeman aura un énorme problème. Il est clair que les autres candidats derrière le duo de tête, c'est-à-dire Pavel Fischer, Marek Hilser et Michal Horacek, voteront Jiri Drahos au second tour".

Jiri Drahos lui-même a dit compter sur "les voix de ceux qui n'ont pas voté pour Milos Zeman" au premier tour. Il a annoncé qu'il allait centrer sa campagne sur "l'ancrage euro-atlantique de la République tchèque", une manière indirecte de rappeler les amitiés russes et chinoises de son rival eurosceptique.

Jiri Drahos a évoqué aussi "une certaine fatigue" de Milos Zeman, faisant allusion aux problèmes de santé du président sortant, qui se déplace avec une canne.

Un débat pour l'entre-deux-tours

Pendant les deux semaines qui le séparent du second tour, il souhaiterait affronter Milos Zeman "face à face, lors d'un débat", a-t-il dit, dans une autre allusion à un point faible du président sortant, qui s'est refusé à ce genre d'échange avant le premier tour.

Le chef de l'État, qui brigue un second mandat, lui a répondu du tac au tac : "Je n'ai jamais eu peur de participer à un débat, je suis toujours jeune et toujours plein d'énergie, et tout débat me fait plaisir. Je viens d'entendre à la télévision M. Drahos et je vais satisfaire avec plaisir à sa demande", a-t-il dit devant les journalistes. Puis, toujours amateur de language frivole, il a invité ses partisans à aller voter au second tour "et prendre avec eux aussi leurs amis, amants et maîtresses".

"Lors de la précédente présidentielle, j'ai obtenu 24 % au premier tour et 54 % au second tour, et cette année déjà 40 % (sic) au premier tour. Je félicite Jiri Drahos pour sa belle deuxième place", a encore dit le président sortant.

Milos Zeman bénéficie notamment du soutien des milieux ruraux et des travailleurs peu qualifiés, tandis que Jiri Drahos est le candidat préféré des milieux intellectuels des grandes villes.

Le premier jour du scrutin, vendredi, a été marqué par l'action d'une jeune militante ukrainienne du groupe féministe radical Femen qui s'est ruée, torse nu, sur Milos Zeman dans son bureau de vote. Elle a crié plusieurs fois "Zeman, Putin's slut" (Zeman, la putain de Poutine), avant d'être rapidement maîtrisée par la garde rapprochée du chef de l'État.

Avec AFP