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Manifestations en Tunisie : plus de 200 arrestations après une deuxième nuit de heurts

De nouvelles échauffourées ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi en Tunisie, où plus de 200 personnes ont été interpellées et 49 policiers ont été blessés là travers le pays, en proie à des troubles sociaux.

Plus de 200 individus ont été arrêtés et des dizaines de personnes ont été blessées lors de heurts dans plusieurs villes de Tunisie, a indiqué mercredi 10 janvier le ministère de l'Intérieur après une deuxième nuit de troubles sociaux provoqués par des mesures d'austérité.

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur Khlifa Chibani a précisé à des radios locales que 49 policiers avaient été blessés lors des échauffourées à travers le pays, et 206 personnes impliquées dans les troubles arrêtées.

Incidents à Sidi Bouzid

Dans la soirée et la nuit, la police et l'armée ont été déployées dans plusieurs villes de Tunisie, dont Sidi Bouzid, ville défavorisée du centre du pays d'où était partie en décembre 2010 la contestation sociale marquant le début des Printemps arabes. Des jeunes ont coupé des routes, jeté des pierres et la police a répliqué à coups de gaz lacrymogènes une bonne partie de la nuit, a indiqué un correspondant de l'AFP.

Sur l'île de Djerba, deux coktails Molotov ont été jetés sur l'entrée de deux écoles talmudiques du quartier juif, Hara el-Kbira. "Il n'y a pas eu de dégâts à l'intérieur", a précisé Perez Trabelsi, un responsable de la communauté juive tunisienne. Des incidents ont également eu lieu à Kasserine (centre), Gafsa (sud), Jedaida (nord) ou encore Zahrouni et Djebel Lahmer, des quartiers populaires de Tunis, ont constaté des correspondants de l'AFP, mais le calme était revenu mercredi matin.

À Tebourba, à 30 km à l'ouest de Tunis, des jeunes sont descendus par centaines dans les rues après l'enterrement mardi après-midi d'un homme décédé lors de heurts dans la nuit précédente, et des heurts ont éclaté avec la police.

La polémique perdurait sur les causes de sa mort. Alors qu'il est présenté par des manifestants comme un martyr, les résultats de l'autopsie organisée mardi n'ont pas encore été rendus publics. De son côté, le ministère de l'Intérieur a démenti que cet homme ait été tué par la police.

Marasme économique

Après plusieurs années de marasme économique et d'embauches massives dans la fonction publique, la Tunisie est confrontée à d'importantes difficultés financières. Elle a obtenu en 2016 une nouvelle ligne de crédits du Fonds monétaire international (FMI), d'un montant de 2,4 milliards d'euros sur quatre ans, en échange d'un programme visant à réduire les déficits.

Le puissant syndicat UGTT, tout en reconnaissant la légitimité des revendications de nombreux jeunes sans emploi, ont condamné "la violence et le pillage", appelant à "protester de manière pacifique pour ne pas être utilisés par des parties qui ne veulent pas le bien de notre expérience démocratique naissante."

Les militants de la campagne "Fech Nestannew" ("Qu'est-ce qu'on attend ?") lancée en début d'année pour protester contre les hausses de prix, ont appelé à manifester massivement vendredi. Ils réclament une révision de la loi de finances, qui a augmenté la TVA et crée différentes autres taxes, ainsi qu'une meilleure couverture sociale pour les familles en difficulté et un plan de lutte contre la corruption.

Élections en vue

Le mois de janvier est traditionnellement marqué par une mobilisation sociale en Tunisie depuis la révolution de 2011. Le contexte est particulièrement tendu cette année à l'approche des premières élections municipales de l'après-révolution, plusieurs fois reportées et prévues en mai, et de la présidentielle prévue en 2019.

En janvier 2016, lors de la dernière importante vague de contestation sociale, la colère déclenchée par le décès d'un chômeur protestant à Kasserine s'était propagée à travers le pays, et les autorités avaient dû décréter un couvre-feu des jours durant.

Avec AFP

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