
L'usage récréatif du cannabis est devenu légal le 1er janvier 2018 en Californie, faisant du "Golden State" le plus gros marché mondial de l'herbe planante. Un Américain sur cinq peut désormais fumer librement de la marijuana.
Des joints brandis dans les airs plutôt que des coupes de champagne. En Californie, le passage à la nouvelle année a signifié, pour certains, la légalisation tant attendue du cannabis récréatif. Depuis le lundi 1er janvier 2018, les adultes de plus de 21 ans sont autorisés à consommer de la marijuana non-médicale, à faire pousser jusqu’à six plants par foyer et à en posséder une once (environ 30 grammes). Elle demeure toutefois illégale à l'échelle fédérale.
"C'est quelque chose que nous attendions tous [dans mon entourage]. Le cannabis peut aider beaucoup de gens et il n’y a aucune raison de ne pas le partager", s’est réjouit Johnny Hernandez, tatoueur de Modesto, qui a célébré la nouvelle année avec ses cousins en fumant de l’herbe, raconte-t-il à AP.
Comme lui, nombre de consommateurs et de groupes promarijuana ont exprimé leur joie dès les premières minutes de l’année, comme en témoignent de nombreuses publications et photos sur les réseaux sociaux.
Congrats, California! Recreational marijuana is legal starting at midnight. pic.twitter.com/DKJpba8h1r
ATTN: (@attn) 31 décembre 2017"Nous sommes ravis ! On pourrait continuer de débattre pendant des heures sur cette régulation, ses bons et ses mauvais côtés, mais ce qu’il faut retenir, c'est un énorme pas en avant", a commenté Khalil Moutawakkil, producteur et revendeur de marijuana à Santa Cruz.
Un marché qui va dépasser celui de la bière
Sixième économie mondiale, avec une population de 40 millions de personnes, la Californie avait autorisé depuis 1996 la consommation de marijuna à usage médical. Une première aux États-Unis. L’État a ensuite été imité et même dépassé par d’autres, à commencer par le Colorado et Washington, qui ont autorisé son usage récréatif dès 2012.
Avec la légalisation récréative, les ventes devraient représenter, pour la seule Californie, 3,7 milliards de dollars en 2018 et 5,1 milliards en 2019, selon un rapport de la firme américaine BDS, spécialiste de l’analyse du marché du cannabis. En comparaison, les ventes de bière ont atteint 5 milliards de dollars en 2017, selon le groupe IBIS World.
Reste que les points de vente de cannabis récréatif sont encore rares en Californie. Du moins pour le moment. Au 1er janvier, seuls quelques dizaines de commerces avaient reçu l’autorisation officielle des autorités et la licence permettant d’exercer. Les magasins concernés sont concentrés à San Diego, Santa Cruz, la région de la baie de San Francisco et celle de Palm Springs.
Los Angeles et la ville de San Francisco sont à la traîne, les nouvelles régulations municipales n’ayant pas été approuvées à temps pour le 1er janvier. Certaines villes comme Fresno, Bakersfield et Riverside ont même adopté des régulations interdisant tout bonnement la vente de marijuana récréative, malgré l’autorisation à l’échelle de l’État.
De beaux jours pour le marché noir
En 2016, la Californie aurait produit 13,5 millions de pounds (plus de 6 millions de kilogrammes) de marijuana, dont 80 % exportés illégalement en dehors de l’État, selon un rapport de la firme américaine ERA Economics. Sur les 20 % restants, seul un quart a été vendu légalement pour motifs médicaux.
Le marché noir semble donc avoir encore de beaux jours devant lui, d’autant que les taxes et autres frais annexes inhérents à la légalisation devraient faire grimper le prix du cannabis de 70 %.
Avec AP