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RD Congo : la FIDH dénonce la "planification" de massacres par des forces de sécurité

La FIDH a rendu public ce mercredi un rapport d’enquête de 100 pages dans lequel elle pointe du doigt la responsabilité de forces de sécurité congolaises et d'une milice soutenue par l'armée dans des massacres dans la région du Kasaï, en RD Congo.

La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) accuse des forces de sécurité congolaises et une milice soutenue par l'armée d'avoir "planifié" des massacres relevant de "crimes contre l'humanité" contre une ethnie de la région du Kasaï, dans le centre de la République démocratique du Congo.

Dans un rapport de 100 pages publié mercredi 20 décembre, elle dénonce des violences d'une "ampleur et d'une gravité sans précédent" perpétrées entre mars et juillet. "Entre au moins fin mars et juin 2017, les populations de l'ethnie luba ont été massacrées dans plusieurs dizaines de villages du territoire de Kamonia (sud de la province du Kasaï) en raison de leur ethnie, de leur supposée affiliation politique à l'opposition et de leur appartenance ou soutien supposé" au chef coutumier, Kamuina Nsapu, lit-on dans ce rapport, basé sur les témoignages de 64 réfugiés, en majorité des Luba, rescapés des massacres.

Les provinces du Kasaï se sont embrasées en septembre 2016 après la mort de Kamuina Nsapu, dans un assaut des forces de sécurité, déclenchant des affrontements avec la milice du même nom, qui ont fait plus de 3 300 morts, selon l'Église catholique. L'ONU a recensé 87 fosses communes et 1,4 million de déplacés.

"Perpétrés principalement à des fins politiques"

Ces crimes "ont été planifiés, dirigés et menés par des agents de l'État congolais" (armée et police) et "la milice Bana Mura", soutenue par l'armée, affirme l'organisation, qui ajoute qu'ils "ont été perpétrés principalement à des fins politiques et relèvent de crimes contre l'humanité".

Selon la FIDH, des éléments de Kamuina Nsapu ont perpétré de graves exactions, notamment des "exécutions sommaires, souvent sous la forme de décapitations" et "après des semaines d'affrontements intermittents (...), les forces de défense et de sécurité congolaises ont déclenché des actes de représailles disproportionnés, et ne visant pas uniquement cette milice".

La FIDH a compilé une liste d'"au moins 50 noms de présumés responsables" (éléments de l'armée, de la police, des Bana Mura, autorités locales...) des crimes commis sur le territoire de Kamonia, et se réserve le droit de la transmettre à la Cour pénale internationale ou d'autres institutions.

Avec AFP