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Colère et consternation après l’attaque de la Monusco en RD Congo

Les zones d'ombre persistent après la mort, jeudi, de 15 casques bleus tanzaniens dans le Nord-Kivu. Les miliciens à qui l'attaque est attribuée forment une "organisation secrète" et violente, et agissent sur un territoire immense.

Les circonstances précises de la mort de quinze casques bleus tanzaniens, jeudi 7 décembre, dans l'une des zones les plus troubles de l'immense République démocratique du Congo restaient encore à déterminer samedi.

Le bilan de l'assaut, attribué aux miliciens ougandais musulmans des Allied Defense Forces (ADF), peut encore s'alourdir. Le président tanzanien John Magafuli a indiqué que son pays était "sans nouvelles de deux autres soldats" du contingent tanzanien, qui compte également 44 blessés.

Organisation secrète

L'attaque a eu lieu dans le territoire de Beni, dans la province orientale du Nord-Kivu, où les ADF avaient déjà tué 25 civils le 7 octobre, ainsi que trois autres casques bleus tanzaniens. Ce même territoire a été ensanglanté par des massacres de civils entre 2014 et 2016, déjà attribués aux "islamistes" des ADF.

"Les ADF sont une organisation extrêmement secrète qui observe un code de discipline interne rigoureux. Ils entretiennent des liens historiques étroits avec d'autres groupes armés de la région", selon le "baromètre sécuritaire du Kivu" de Human Rights Watch et du groupe d'étude sur le Congo.

"Nous sommes dans l'une des zones les plus troubles de la RDC", analyse le chercheur français Thierry Vircoulon, qui estime que les massacres de Béni n'ont jamais été élucidés et que les ADF peuvent tout aussi bien être des agents "d'opérations de contrebande entre la RDC et l'Ouganda".

"Les casques bleus ne font plus peur"

Règlement de comptes avec des casques bleus tanzaniens sur fond d'économie de guerre et de contrôle du trafic de l'or et des minerais ? Mise en insécurité des casques bleus, alors que la RD Congo traverse de fortes turbulences politiques ? Entre plusieurs hypothèses, le chercheur "note que les casques bleus ne font plus peur. Tous les miliciens d'Afrique centrale ont compris qu'on peut tirer sur eux".

Outraged by last night’s heinous attack on UN peacekeepers in the DRC. Deliberate attacks on peacekeepers are a war crime; there must be no impunity.

  António Guterres (@antonioguterres) 8 décembre 2017

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a demandé aux autorités congolaises d'enquêter sur cette attaque et "de traduire promptement ses instigateurs devant la justice".

Une délégation de la Monusco doit se rendre prochainement sur les lieux de l'attaque de jeudi pour une évaluation. Une délégation tanzanienne devrait se rendre à son tour mardi à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, a indiqué une source de l'armée congolaise à l'AFP.

Avec AFP