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Tunis a suspendu le petit pèlerinage ou "omrah", que les musulmans accomplissent à La Mecque, en raison de l’inexistence de vaccin contre la grippe A (H1N1). D'autant que les garanties de traitement sur place ne sont pas réunies.

La Tunisie a annoncé, mardi dernier, avoir suspendu le petit pèlerinage (“omrah”) que les musulmans accomplissent à La Mecque durant le mois de jeûne du ramadan (22 août-19 septembre), en raison de l’inexistence de vaccin contre la grippe A (H1N1).  

Le ministre des Affaires religieuses, Bou Bakr Kharouzi, a précisé que, pour l’instant, “le vaccin contre le virus reste au stade de l’expérimentation” et que, le pèlerinage rassemblant des centaines de milliers de personnes issues d’origines diverses, “les risques d’exposition à la grippe” sont réels. Il a aussi argué du fait que les garanties de traitement sur place de patients potentiels étaient loin d’être réunies.

Une décision qui ne fait pas l’affaire des agences de voyage

Le gouvernement tunisien a désigné une commission ad hoc, composée de médecins et de religieux, dont la mission est d’étudier le développement du virus et sa propagation dans le monde. C’est cette commission qui a conclu à la nécessité d’interdire aux Tunisiens d’aller accomplir le petit pèlerinage. La décision a ensuite été validée par le grand mufti de Tunisie.


La Tunisie devient ainsi le premier pays arabo-musulman à interdire la “omrah” à ses ressortissants. La décision des autorités tunisiennes pourraient avoir de fâcheuses conséquences pour les agences de voyages, qui misaient sur les revenus des voyages en Arabie saoudite pour  rattraper les pertes enregistrées depuis le début de l’année.

Responsable des ventes à Avian Tour, Hamid Mchéli explique que son agence n’a pas été “tellement sollicitée cette saison, encore moins pour des voyages de petit pèlerinage en raison de la crise financière”, ajoutant que “l’érosion du dinar tunisien par rapport à l’euro et au dollar a augmenté les coûts des voyages à l’étranger”.

Hamid  Mchéli avoue avoir “senti la catastrophe venir avec les premières rumeurs évoquant une éventuelle suspension du petit pèlerinage”. “L’annonce officielle de cette décision a été pour nous le coup de grâce”, soupire-t-il.

Une décision “logique et nécessaire”

Abdesslam Lahmar, lui, est responsable des réservations à l’agence Belle Vue, à Tunis. Il s’attend “à des conséquences négatives pour la saison en cours”. “Pour sauver la mise, explique-t-il, on essayera de nous tourner vers de nouvelles destinations, comme l’Egypte, la Turquie, la Syrie, voire la Thaïlande.”

De son côté, le directeur de la Fédération tunisienne des agences de voyages a présenté à la presse des estimations prévoyant des pertes atteignant les 4 millions de dinars tunisiens soit 2,5 millions d’euros.

Le journaliste ayant le premier relayé l’information relative à une suspension par les autorités tunisiennes du petit pèlerinage, Hafedh Gharbi, juge la décision “logique et nécessaire”, car elle “préservera le capital humain de ce petit pays. Ce pays qui doit protéger ses citoyens et la bonne réputation de son service médical, surtout que les Tunisiens vivent beaucoup du tourisme”. Pour lui, “ne pas pouvoir contrôler la propagation de la grippe A (H1N1) affecterait  sérieusement les activités touristiques” de la Tunisie.

Concernant le pèlerinage, le ministre des Affaires religieuses a souligné que la Tunisie s’en tiendrait fermement aux conditions fixées par l'Arabie saoudite. Il s’agit notamment de n’autoriser que les personnes dont l’âge est compris entre 12 et 65 ans.