Ankara vient d’interdire tous les événements publics LGBTQ au nom de la sécurité de ses citoyens.
Dans un communiqué publié par le bureau du gouverneur d’Ankara dimanche 19 novembre, toutes les "projections de films, performances de théâtre, tables rondes, interviews et expositions LGBTQ sont prohibées jusqu’à nouvel ordre dans la province, afin de garantir la paix et la sécurité".
Le bureau du gouverneur avance avoir découvert, via les réseaux sociaux et les médias traditionnels, "un certain nombre" de manifestations culturelles LGBTQ prévues dans la ville. De quoi poser, d’après les autorités, des problèmes d’ordre public.
Un "danger imminent pour la sécurité publique" ?
"Une partie de la société avec des caractéristiques différentes en termes de classe sociale, de race, de religion, de secte ou de région pourrait alors explicitement inciter une autre partie de la société à de l’hostilité et de la rancune, posant un danger imminent en termes de sécurité publique", ajoute le communiqué relayé par le quotidien turc Hurriyet.
Quelques jours plus tôt, le festival du film Pink Life QueerFest, organisé avec l’ambassade d’Allemagne en Turquie dans plusieurs cinémas d’Ankara, avait déjà été interdit.
"Suggérer que ces projections peuvent être une provocation ou la cible de groupes de terreur ne fait que légitimer les gens et les institutions qui produisent ces discours de haine contre nous et qui voient en nous une menace", avait alors réagi les organisateurs. "Sous couvert de nous 'protéger', il s’agit là d’une privation de nos droits constitutionnels".
Sur Twitter, le groupe de défense des droits des personnes LGBT Human Rights Campaign s’est dit "révolté" par la nouvelle de l’interdiction des manifestations culturelles à Ankara. "Comment ces événements pacifiques peuvent-ils représenter une menace pour la sécurité publique ? Cette interdiction doit être levée".
We are outraged by news out of Turkey that the governor of Ankara announced an indefinite ban on all #LGBTQ film screenings, panels & exhibitions & other public events. How can these peaceful events be a threat to public security? This ban must be lifted. https://t.co/ofe2w1Z5wG.
— HumanRightsCampaign (@HRC) 19 novembre 2017
Des poursuite judiciaires contre les autorités
L’association turque Kaos GL s’est, elle aussi, émue de cette nouvelle dans un communiqué : "Il ne peut pas y avoir de fondements légitimes ou légaux à une interdiction massive qui touche le cœur de nos droits". Elle a annoncé qu’elle allait entamer des poursuites judiciaires contre le bureau du gouverneur qui a pris cette décision.
"Dans notre pays où la discrimination et la haine dirigées vers une orientation ou une identité sexuelle sont de plus en plus envahissantes, il est du devoir des administrations locales et nationales de combattre cela".
L’homosexualité n’est pas illégale en Turquie. Malgré cela, la marché des fiertés d’Istanbul a été interdite par les autorités ces trois dernières années. Le 25 juin dernier, ceux qui avaient tout de même choisi de défiler envers et contre cette décision ont été la cible de tirs de balles en caoutchouc de la part de la police.
– Retrouvez aussi l'article de Johnny Lieu sur Mashable.
Quelque chose à ajouter ? Dites-le en commentaire.