La 23e conférence climat de l’ONU qui se termine vendredi doit ouvrir la voie à des mesures concrètes pour mettre en œuvre l’accord de Paris. Mais le retrait des États-Unis semble avoir quelque peu plombé les négociations.
Entre la défection annoncée des États-Unis de l’accord de Paris et les émissions mondiales de CO2 qui repartent à la hausse, la COP23 s’achève vendredi 17 novembre dans une ambiance des plus maussades.
Pour cette dernière journée de conférence, les délégués de près de 200 pays doivent accoucher de propositions concrètes indispensables pour mettre en œuvre, à partir de 2020, l'accord de Paris contre le réchauffement climatique. Comment les pays rendent compte de leurs actions contre le réchauffement ou encore quel suivi pour l'aide financière promise par les pays riches sont autant de points en négociation.
Cependant, après deux semaines de discussions, rien n'est encore tranché sur le fond : ce sera le rôle de la COP24, prévue en décembre 2018 à Katowice en Pologne et qualifiée de “moment de vérité” par le ministre français de la Transition écologique Nicolas Hulot, interrogé par France 24. “Le mérite de la COP23 est de mettre [tout le monde] en ordre de marche", a-t-il ajouté.
Nicolas Hulot : "La COP24 sera le moment de vérité"
Or, les perspectives sont loin d’être réjouissantes. Selon l'ONU, les engagements actuels des États couvrent à peine un tiers des réductions de GES nécessaires pour atteindre les engagements pris à Paris en 2015 lors de la COP21. En outre, les émissions de CO2 liées aux énergies fossiles (gaz, pétroles, charbon), responsables de l'essentiel du réchauffement climatique, sont reparties à la hausse en 2017, après trois ans de relative stabilité, a alerté la communauté scientifique.
“Il n’y a plus d’émulation, le cœur n’y est pas”
Dans un appel publié par la revue Bioscience, 15 000 scientifiques de 184 pays ont souligné, lundi, l'état alarmant des indicateurs de l'état de la planète et ont appelé à agir concrètement contre “une souffrance généralisée et une perte catastrophique de biodiversité”.
En réponse, à Bonn, les participants à la COP23 ont promis de s'accorder sur le lancement d'un "dialogue" d'un an pour aboutir à la révision à la hausse, en 2020, des promesses nationales de réduction des gaz à effets de serre. Mais parmi les délégations, "c'est comme si le cœur n'y était pas", souligne le Malien Seyni Nafo, chef du groupe des pays africains.
"Avec la sortie de Trump, les étoiles ne sont pas très alignées", poursuit Seyni Nafo. "La position des États-Unis a une influence sur les pays développés et cela a des conséquences sur le positionnement des grands pays en développement. Il y a comme un attentisme, chacun s'observe dans les négociations. Quand un des acteurs ne joue pas sa partition, il n'y a plus d'émulation".
"Pourquoi attendre le lancement du fameux "dialogue" pour relever les ambitions ?", demande le chef du groupe des pays africains. "Où sont les vrais champions ? Les négociateurs font leur travail, mais les politiques ? La conjoncture actuelle est plutôt morose".
Alliance mondiale de sortie du charbon
L'administration Trump, qui a annoncé en juin le retrait des États-Unis de l'accord, a envoyé une délégation pour "protéger les intérêts américains". Elle a aussi organisé une réunion, en marge des négociations, pour faire valoir le rôle des énergies fossiles.
Cheville ouvrière de l'accord climat de Paris, Laurence Tubiana préfère souligner des progrès et notamment le lancement de "l’alliance pour la sortie du charbon", initiée par le Canada et le Royaume-Uni. Une vingtaine de pays, dont la France et le Mexique, ont annoncé depuis Bonn y prendre part. Le président Emmanuel Macron a rappelé que la dernière centrale à charbon française serait fermée en 2021. L’Italie, quant à elle, entend tourner la page en 2025.
Prochaine étape : un sommet organisé le 12 décembre à Paris, pour maintenir la dynamique, et notamment avancer sur l'épineuse question des financements des politiques climatiques.
Avec AFP