
Un attentat a frappé une caserne à Burgos (nord). Près de 64 personnes ont été blessées - des gardes civils et des membres de leurs familles - et les dégâts matériels sont considérables. Les autorités privilégient la piste de l'ETA.
AFP - Soixante-quatre personnes ont été blessées légèrement dans la nuit de mardi à mercredi dans un attentat à la voiture piégée contre une caserne de la garde civile à Burgos (nord), attribué par le gouvernement espagnol à l'organisation indépendantiste basque ETA.
La garde civile avait dans un premier temps fait état de 46 blessés, dont 22 femmes et six enfants. Ce bilan a ensuite été porté à 64 blessés légers par le responsable régional de la Santé, Francisco Javier lvarez Guisasola.
La puissante explosion a fortement endommagé une partie de la caserne et creusé un important cratère au sol.
"C'était un véhicule piégé" qui a sauté "vers 04H00 du matin" (02H00 GMT), a indiqué la sous-préfecture de Burgos.
Les dégâts matériels sont importants. La façade de l'immeuble moderne a été ravagée par l'explosion.
Les victimes, des gardes civils et des membres de leurs familles, ont souffert de coupures et de contusions diverses. Toutes avaient quitté l'hôpital mercredi en début d'après-midi.
Le ministre de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, s'est rendu sur les lieux de l'attentat qu'il a attribué à l'ETA. L'organisation armée, faute d'avoir alerté de l'imminence de l'explosion, "cherchait sans aucun doute à tuer", a déclaré le ministre.
L'attentat "n'était pas seulement dirigé contre ceux qui travaillent au sein de la garde civile mais aussi contre leurs familles, ce qui ajoute à son caractère spécialement abject", a-t-il poursuivi, dénonçant "la stratégie de violence démente" de l'organisation clandestine basque.
"Cette nuit, 120 personnes dormaient (dans la caserne) et 41 enfants auraient pu mourir", a souligné M. Rubalcaba.
L'ETA, tenue pour responsable de 826 morts en 41 ans de lutte armée, avertit souvent par téléphone de l'imminence de ses attentats. Mais elle s'abstient en général de le faire quand elle s'en prend aux forces de sécurité qu'elle considère comme des objectifs militaires.
La garde civile est une cible privilégiée de l'ETA, dont le dernier attentat remontait à la nuit du 9 au 10 juillet, quand une bombe a explosé devant un bâtiment du Parti socialiste basque à Durango, au Pays basque espagnol (nord).
Son dernier attentat meurtrier a eu lieu le 19 juin: un policier a été tué dans l'explosion de sa voiture, piégée à Arrigorriaga, près de Bilbao.
Le quotidien El Mundo avait assuré dimanche que les forces de sécurité espagnoles étaient en alerte, après avoir été informées par la France que l'ETA voulait faire passer en Espagne trois fourgonnettes bourrées d'explosifs.
M. Rubalcaba a jugé "probable" que la fourgonnette totalement détruite par la "bombe très puissante" de Burgos "ait pu venir de France".
Selon les médias, elle aurait transporté une charge d'environ 200 kg d'explosifs.
Cet attentat survient un an après le démantèlement du "commando Biscaye" de l'organisation clandestine, au cours duquel la police avait saisi des documents montrant que la caserne de Burgos était une cible désignée d'attentat.
Il coïncide aussi pratiquement avec le 50e anniversaire de la fondation de l'ETA, le 31 juillet 1959 par des étudiants nationalistes d'inspiration marxiste-léniniste.
Affaiblie depuis la rupture de sa trêve de 2006-2007 par des coups de filets à répétition de la police, l'ETA avait indiqué fin mai mener une réflexion interne "pour fixer une stratégie politico-armée efficace", sans paraître se préparer à renoncer à la violence.