La justice espagnole va émettre vendredi un mandat d'arrêt européen contre le président catalan destitué Carles Puigdemont, après avoir mis en détention huit membres du gouvernement catalan, qui font l'objet d'une enquête pour rébellion.
Le feuilleton politique du "Catalexit" se prolonge. Une juge espagnole devrait émettre vendredi 3 novembre un mandat d'arrêt européen à l'encontre du président catalan destitué par Madrid, Carles Puigdemont. Depuis Bruxelles, l'avocat de ce dernier, Me Paul Bekaert, avait déclaré la veille au soir à la télévision flamande VRT : "Mon client vient de me dire que (le mandat d'arrêt) a été émis à l'encontre du président et de quatre ministres qui se trouvent en Belgique", a déclaré Me Paul Bekaert à la chaîne flamande VRT. "Cela signifie dans la pratique que la justice espagnole va maintenant envoyer une demande d'extradition au parquet fédéral de Bruxelles", avait-il ajouté.
Interrogé sur le point de savoir si Carles Puigdemont allait rester en Belgique, l'avocat a répondu : "Bien entendu. Il s'est engagé à coopérer pleinement avec les autorités belges." Une fois la demande d'extradition transmise à la justice belge, celle-ci aurait soixante jours pour étudier le dossier. Au cas où sa demande d'extradition serait approuvée par un juge belge, Carles Puigdemont ferait appel, a ajouté Me Bekaert.
En effet, l'émission d'un mandat d’arrêt n'entrainerait pas automatiquement l’extradition de Carles Puigdemont.
"Une première option serait de considérer que les droits fondamentaux de M. Puigdemont seraient mis en péril s’il retournait en Espagne. C’est un premier cas de figure pour lequel on pourrait s’opposer à l’exécution de ce mandat d’arrêt", explique Maxime Chomé, avocat à Bruxelles, à France24.
"Le deuxième cas de figure est de considérer que les infractions pénales pour lesquelles il est poursuivi en Espagne n’existerait pas dans le droit belge."
Appel à la communauté internationale
La juge d'instruction espagnole avait placé jeudi en détention provisoire huit membres du gouvernement catalan, destitués pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne, déclenchant des manifestations dans cette région.
Vingt mille personnes, selon la police municipale, se sont rassemblées dans la soirée à Barcelone, à l'appel du mouvement indépendantiste Assemblée nationale catalane (ANC). "Ce n'est pas une justice, c'est une dictature !", scandaient les manifestants, ou encore "honte à l'Europe !", qui a refusé d'intercéder en faveur des séparatistes.
Dans un court message diffusé par la télévision régionale catalane, Carles Puigdemont a "exigé la libération" de ses collègues incarcérés, affirmant que la décision de la justice n'était "plus une affaire interne espagnole" et que la communauté internationale devait "se rendre compte du danger" qu'elle constituait.
Carles Puigdemont avait présenté mercredi comme une tactique concertée la répartition de son gouvernement entre l'Espagne et la Belgique : certains iraient à Madrid "dénoncer la volonté de la justice espagnole de poursuivre des idées politiques", les autres resteraient à Bruxelles "pour dénoncer devant la communauté internationale ce procès politique", avait-il expliqué dans un communiqué émis au nom du "gouvernement légitime" de Catalogne.
Avec AFP