Vous êtes un agent de la société secrète GPX. Votre mission ? Récupérer des données dans un bâtiment infesté de monstres et de zombies.
Des zombies en chair et en os, de la réalité virtuelle, des séquences d'escape game, de théâtre immersif… "Mutations" promettait d'être une aventure coopérative et grandeur nature d'un genre nouveau, où réalité et virtuel se mêlent durant une expérience de plus d'une heure dans une ambiance à la "Resident Evil".
Installée à Saint-Denis sur un espace de 1 400 m2, dans des bâtiments industriels en briques rouges en partie désaffectés, "Mutations" est une expérience éphémère proposée durant huit jours (du 28 octobre au 5 novembre) par la société First Personal Xperience, en partenariat avec Intel, pour un prix de 60 euros par participant.
Jusqu'en octobre 2018, cette sorte de maison hantée va se déplacer dans quatre villes de France (Paris, Lyon, Marseille, et une dernière à définir). Cyril Villalonga, créateur de First Personal Xperience et du festival Geekopolis, a pour ambition de continuer à développer des concepts originaux usant de différentes technologies.
"L’idée de réfléchir à développer de nouveaux types d’expérience, aller de plus en plus loin dans la création de nouveaux usages ludiques (…)", explique-t-il à Mashable FR. "Par exemple, nous avons utilisé des bracelets qui permettent de détecter la peur. Et on va en faire un élément de jeu, c'est-à-dire que la raison pour laquelle vous utilisez ces bracelets aura une conséquence sur le jeu."
Nous nous sommes donc fait un devoir d'essayer ça, parce que dézinguer des zombies, c'est aussi notre passion.
"Mutations", une idée pleine de promesses
Vous avez été sélectionné par la société secrète GPX pour faire partie d'une équipe de quatre à six agents qui doivent infiltrer plusieurs lieux désaffectés, où un étrange virus s'est propagé et a transformé les occupants en zombies et autres créatures inhumaines. Vous avez pour mission de récupérer des informations cruciales pour trouver un remède à cette maladie. Et pour cela, vous devrez traverser un laboratoire, une infirmerie ou encore une prison.
Mais afin de réussir et survivre à cette mission, vous devrez affronter des zombies, résoudre des énigmes, et utiliser au mieux les compétences de chacun des membres de l'équipe. Attention, toutefois : les zombies et personnages infectés sentent votre peur et essaieront parfois de vous toucher pour vous transmettre le virus. Il faudra donc être agile, intelligent, parfois discret et souvent rationnel.
Beaucoup de créativité, pas mal de petites failles
Voilà pour le résumé de l'histoire. Essayons maintenant de rentrer un peu plus dans le détail de cette expérience. Attention, il y aura quelques spoilers ! Si vous souhaitez simplement avoir un avis global sur "Mutations" sans perdre une goutte de l'histoire, allez directement aux derniers paragraphes de cet article…
La première chose qui nous est venu à l'esprit lorsque nous avons fini "Mutations", c'est que c'est un un projet plein d'inventivité et de créativité, mais que le résultat final est assez bordélique. Après avoir été rapidement brieffé sur la mission par un lieutenant de GPX, vous voilà plongé, avec votre escouade, dans cette sorte de maison hantée. Quatre d'entre vous sont dotés de compétences spéciales : l'un possède une arme (le meilleur rôle, forcément), l'autre une tablette (c'est le hacker du groupe), un autre doit jouer le leader et le dernier est supposé pouvoir s'infiltrer un peu partout (c'était mon rôle).
Mention spéciale pour le "patient zéro", enfermé dans une cellule avec un doudou et un sac sur la tête, particulièrement flippant
Sauf qu'on ne sait pas vraiment que faire avec ces compétences. Régulièrement, on est perdu (je n'ai rien infiltré du tout, à mon grand dam) et la narration du scénario n'arrange rien. Malgré un pitch de base assez simple, les enjeux et les objectifs sont souvent incompréhensibles et, globalement, on finit l'expérience sans avoir rien compris aux tenants et aux aboutissants de cette sombre affaire de virus et de société secrète, et c'est bien dommage.
Du côté des choses à revoir, l'utilisation des technologies est également assez bancale. On ne sait pas vraiment quand il est nécessaire d'utiliser la tablette et la séquence en réalité virtuelle est franchement mauvaise. Vous arrivez dans un hangar où une équipe de GPX annonce que vous allez devoir tous descendre dans les profondeurs du bâtiment, infestées de zombies. On vous équipe alors d'un casque de VR (HTC Vive), d'un gros flingue pour faire place nette et de bracelets sensibles qui rechargent votre arme plus vite quand vous avez peur.
La mise en situation est excellente : dans le casque, une voix fait monter la pression ("Il va y avoir des zombies partout ! Tenez-vous prêts !") avant de vous faire plonger dans ce sous-sol infesté. Mais voilà, problème : la réalité virtuelle est de mauvaise facture. Il n'y a quasiment pas de zombie, pas de pression, pas d'angoisse. Quand on tire sur quelque chose, il n'y a aucun sentiment d'impact. Puis soudainement, après avoir vaguement observé quatre zombies, une étrange créature à trois têtes débarque de nul part. C'est cencé être un boss de fin, mais on a plus le sentiment d'une ombre molle planant vaguement au-dessus de nos têtes.
Et c'est vraiment, vraiment dommage. Parce qu'il y a d'excellentes choses dans "Mutations". Les acteurs sont absolument excellents, sans exception. Mention spéciale pour le "patient zéro", enfermé dans une cellule avec un doudou et un sac sur la tête, particulièrement flippant, qu'on doit arriver à amadouer pour réussir à récupérer un échantillon de sang. Chacun des acteurs – avec lesquels l'équipe doit souvent communiquer pour obtenir des infos – tient parfaitement son rôle et favorise avec talent l'immersion.
Les décors sont également vraiment très bien fait et plongent véritablement le joueur dans une ambiance morbide, proche d'un jeu vidéo d'horreur. Certaines séquences d'escape game, comme celle du laboratoire où l'on doit réaliser un séquençage d'ADN pendant que des zombies essaient d'entrer dans la salle, sont aussi très bien réussies et encouragent la collaboration entre les membres de l'équipe. Au final, les séquences s'enchaîent, pièce après pièce, énigme après énigme, rencontre après rencontre, mais la qualité est très inégale.
C'est bien, mais…
On se dit donc que "Mutations" est encore à l'état de prototype. Et, pour une expérience qui coûte 60 euros par personne, c'est un peu décevant.
D'un côté, nous avons des décors malsain, une atmosphère putride qui angoisse complètement et promet de nombreux sursauts d'angoisse. Chaque pièce, chaque recoin, a été soigneusement mis en scène pour faire croire à une véritable hécatombe zombie. Les acteurs collent parfaitement à cette ambiance et jouent superbement leurs rôles, qu'il s'agisse de personnages ennemis ou alliés. Il faudra parfois s'en éloigner, parfois discuter avec eux pour avancer dans l'aventure. Finalement, c'est ce côté théâtre immersif, agrémenté de quelques bonnes séquences d'escape game, qui est le mieux réussi.
A contrario, l'utilisation des technologies, en particulier la réalité virtuelle, n'est pas vraiment au point. Il est vrai que le mêlange de ces différents éléments (escape game, VR, tablette) est complexe à orchestré et l'on peut comprendre les hésitations, étant donné que c'est une première. Mais le scénario ajoute à cette confusion, parce que même si le pitch de base est simple, l'ensemble fait montre de nombreuses incohérences.
A-t-on passé un bon moment en expérimentant "Mutations" ? Oui. Mais ce n'est pas au point, notamment pour ce prix-là.
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