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Droits de douane : l'UE négocie mais se tient prête à répliquer contre Trump
L'Union européenne espère toujours obtenir un accord avec les États-Unis après les nouvelles menaces de Donald Trump d'imposer le 1er août des droits de douane de 30 %. Mais la patience européenne s'amenuise, ont indiqué lundi le négociateur en chef de l'UE et des ministres européens du Commerce. Au point qu'une liste de représailles possibles est sur la table, à hauteur de 72 milliards d'euros.
L'Union européenne se tient prête à répliquer économiquement aux droits de douane américains annoncés par Donald Trump. © Samuel Corum, Getty Images via AFP, archives

L'Union européenne prête à répliquer aux États-Unis. La Commission européenne a mis lundi 14 juillet sur la table des 27 une liste de représailles possibles à hauteur de 72 milliards d'euros, dans le cas où Donald Trump imposerait le 1er août des droits de douanes de 30 % sur ses importations en provenance de l'UE.

"Nous négocions d'abord, mais nous nous préparons en même temps", a assuré le commissaire européen Maros Sefcovic devant la presse, à l'issue d'une réunion des ministres du Commerce de l'UE à Bruxelles. Il a souligné qu'il s'agissait d'une position commune des Vingt-Sept.

"Les ministres ont adopté une position totalement unie sur la nécessité d'être prêts à réagir" si nécessaire, a indiqué de son côté le ministre danois des Affaires étrangères Lars Rokke Rasmussen.

"J'ai l'intention de m'entretenir à nouveau avec mes homologues américains dans le courant de la journée, car je ne peux pas m'imaginer en rester là sans effort véritable", avait déclaré Maros Sefcovic plus tôt lundi.

Mais, avait-il ajouté, "nous devons nous préparer à toutes les éventualités, y compris, si nécessaire, à des contre-mesures proportionnées et bien calibrées pour rétablir l'équilibre de notre relation transatlantique".

La décision du président américain, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août.

"Aucun tabou" sur la réplique aux États-Unis

"L'incertitude actuelle causée par des droits de douane injustifiés ne peut pas durer indéfiniment", a souligné Maros Sefcovic.

"Évidemment, la situation depuis samedi doit nous amener à changer de méthode", a renchéri lundi à Bruxelles le ministre français chargé du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, avant une réunion des ministres de l'UE. Et il ne faut avoir "aucun tabou", a-t-il martelé, y compris en annonçant dès lundi de premières représailles.

"Nous voulons un accord, mais il y a un vieux dicton qui dit : 'si tu veux la paix, tu dois te préparer à la guerre'", a déclaré de son côté Lars Lokke Rasmussen, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l'UE.

La présidente de la Commission européenne - qui négocie au nom des États membres de l'UE -, Ursula von der Leyen, a choisi pour le moment de temporiser, sous pression notamment de pays, comme l'Allemagne, dont les ventes vers les États-Unis représentent la part la plus importante du total des exportations de l'UE.

Elle a annoncé dimanche que l'Union européenne n'allait pas riposter pour l'instant aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium, dans l'espoir d'obtenir un accord qui s'avérerait moins douloureux.

"Nous avons toujours été très clairs sur le fait que nous préférons une solution négociée. Cela reste le cas et nous utiliserons le temps dont nous disposons maintenant jusqu'au 1er août", a déclaré Ursula von der Leyen.

Droits de douane : l'UE négocie mais se tient prête à répliquer contre Trump
La ministre allemande de l'Économie et de l'Énergie, Katherina Reiche, lors d'une réunion du Conseil des Affaires étrangères à Bruxelles, le 15 mai 2025. © Simon Wohlfahrt, AFP archives

L'UE avait déjà menacé de mesures de représailles plus élevées au mois de mai

L'UE a déjà menacé en mai d'imposer des droits de douane sur des produits américains d'une valeur d'environ 100 milliards d'euros comprenant des automobiles et des avions, si les négociations échouaient.

Les pays européens essaient de rester unis dans cette affaire, bien que leurs économies ne soient pas exposées de la même façon aux foudres douanières du président américain.

Emmanuel Macron a exhorté samedi la Commission européenne à "défendre résolument les intérêts européens" et à "accélérer la préparation de contre-mesures crédibles".

Le chancelier allemand Friedrich Merz s'est dit dimanche d'accord avec le président français, précisant avoir discuté avec lui, avec Ursula von der Leyen et Donald Trump ces derniers jours. Il assure vouloir s'impliquer "intensivement" pour tenter d'arriver à une solution.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a quant à elle mis en garde dimanche contre la perspective d'une "guerre commerciale" au sein du monde occidental. "L'Europe dispose de la puissance économique et financière nécessaire pour affirmer sa position et parvenir à un accord équitable et de bon sens. L'Italie fera sa part. Comme toujours", a-t-elle dit dans un communiqué, tandis que son opposition l'accuse de manquer de fermeté face à Washington.

Avec AFP