logo

Lourdes peines pour des revenants de Syrie, dont le beau-frère de Merah

Ni leur reddition à leur retour de Syrie ni leurs manifestations de repentance n'ont convaincu le tribunal correctionnel de Paris. Le beau-frère de Mohamed Merah et ses cinq coprévenus ont été condamnés à de lourdes peines.

Malgré ses manifestations de repentance, Abdelouahed El-Baghdadi, époux de Souad Merah, apprenti jihadiste et revenant, a été condamné à une peine de neuf ans de prison par le tribunal correctionnel de Paris, pour association de malfaiteurs terroriste. Ses cinq coaccusés, originaires comme lui du sud-ouest et appréhendés pour être eux aussi partis en Syrie, ont écopé de peine allant jusqu’à quinze ans de prison.

Hasard du calendrier, au sein du même tribunal est jugé le beau-frère d’Abdelouahed El-Baghdadi, Abdelkader Merah, pour complicité avec son frère, Mohamed, dans les tueries de Toulouse et de Montauban en mars 2012. Parquet et parties civiles se sont donc efforcés de ne pas faire des audiences un "sous-procès Merah", selon les mots d’un avocat de la défense cité par l’AFP, en dépit de la proximité des acteurs.

Abdelouahed El-Baghdadi, "champion des décalarations invrasemblables", selon le procureur, a joué la carte du repenti, faisant de sa "fuite" rocambolesque des rangs de l’organisation État islamique (EI) et de sa reddition en France l'axe de sa défense.

Projet mûrement réfléchi, son voyage en Syrie avait pour but, a affirmé le trentenaire, "de s'installer dans un pays où [il] pourrait pratiquer [sa] religion comme [il le] voulait". Ce Franco-marocain est marié religieusement depuis 2011 à Souad Merah, sœur du tueur au scooter, avec qui il a eu deux fils. Celle-ci est connue notamment pour avoir été enregistrée à son insu, alors qu’elle se disait fière des actes de Mohamed Merah. Elle vivrait actuellement en Algérie auprès de son père.

Pas d'excuse de naïveté

Concernant l'ensemble des prévenus, le parquet a cependant mis en doute la nature "mystico-humanitaire" du séjour en Syrie et estimé qu'ils ne pouvaient "bénéficier de l'excuse de naïveté" au vu des cercles dans lesquels ils gravitaient dans le Sud-Ouest.

"J'ai changé", a lancé Imad Djebali, 30 ans, qui se défend d'être l'un des leaders du groupe de Toulouse. Le groupe serait l'émanation, selon l'accusation, d'une précédente filière jihadiste dite d'Artigat (un village de l'Ariège) vers l'Irak, dans le cadre de laquelle Imad Djebali avait déjà été condamné en 2009. Le récidiviste a cette fois été condamné à 15 ans de prison.

Gaël Maurize, qui a concédé avoir monté la garde pour l'EI, a été condamné à huit ans d'emprisonnement, assortis d'une période de sûreté des deux tiers, comme pour ses deux comparses.

L'avocat d'Imad Djebali, Me Jérémie Boccara, a souligné dans sa plaidoirie que tous ces hommes étaient partis "avant Charlie Hebdo". Djebali, El-Baghdadi et Gaël Maurize, qui se sont rendus, "sont dans le box, car ils l'ont décidé", a-t-il insisté.

Du départ jusqu'à cette reddition rocambolesque, ce dossier constitue selon lui une "faillite totale de l'antiterrorisme". Car les Toulousains sont partis en Syrie, alors qu'ils étaient surveillés de près : "On les a laissés partir, une politique irresponsable du 'bon débarras'".

Avec AFP