logo

Tillerson-Abadi, rencontre à Bagdad sur fond de polémique d'ingérence

Rex Tillerson est arrivé lundi à Bagdad dans une atmosphère tendue après les accusations d'ingérence lancée par le gouvernement irakien. Le secrétaire d'État américain avait appelé "les milices iraniennes qui sont en Irak" à "rentrer chez elles".

Le Premier ministre irakien Haidar al-Abadi a insisté lundi 23 octobre, face à Rex Tillerson en visite surprise à Bagdad, sur le fait que les supplétifs gouvernementaux étaient irakiens. Dimanche à Ryad, le secrétaire d'État américain avait appelé "les combattants étrangers [et] les milices iraniennes qui sont en Irak [à] rentrer chez eux".

"Les combattants du Hachd al-Chaabi sont des Irakiens qui ont combattu le terrorisme, ont défendu leur pays et se sont sacrifiés pour vaincre le groupe État islamique (EI)", a indiqué Haidar al-Abadi lors d'une réunion avec Rex Tillerson, selon un communiqué de son bureau.

Pour Tillerson, "le Hachd al-Chaabi devraient intégrer les forces de sécurité irakiennes"

Le Hachd al-Chaabi est une coalition d'unités paramilitaires qui regroupent plus de 60 000 Irakiens, en majorité issues de milices chiites soutenues par l'Iran. Ce groupe a été formé en 2014 pour aider les forces régulières gouvernementales face à l'EI et a participé aux différentes batailles contre ce groupe jihadiste en Irak, auxquelles la coalition internationale menée par les États-Unis a contribué.

"Le Hachd est une institution dépendant de l'État irakien et la Constitution n'autorise pas la présence de groupes armés hors du cadre de la loi", a rappelé le Premier ministre irakien.

Le Hachd al-Chaabi dépend du Premier ministre irakien, commandant en chef des armées, et le Parlement a voté son intégration au sein des troupes régulières. Un haut responsable américain avait d'ailleurs dès dimanche précisé les propos de Rex Tillerson, assurant que les Irakiens du Hachd devaient "intégrer les forces de sécurité".

Des experts voient toutefois les visites régulières en Irak du général iranien Ghassem Souleimani, chargé des opérations extérieures des Gardiens de la révolution, comme le signe d'une implication de Téhéran.

Le chef de la diplomatie américaine s'est par ailleurs dit "préoccupé et un peu attristé" par la crise actuelle entre le gouvernement irakien et les autorités kurdes irakiennes. "Nous avons des amis [des deux côtés, et] nous les incitons à entamer un dialogue", a déclaré Rex Tillerson, qui n'a toutefois pas rencontré les dirigeants de la région autonome du Kurdistan irakien, alors qu'il a vu le premier ministre irakien deux fois en deux jours, à Ryad d'abord, puis à Bagdad.

Selon lui, "si les deux parties affirment leur attachement à un Irak uni et à la Constitution irakienne, toutes les différences peuvent être surmontées".

Le secrétaire d'État a quitté Bagdad dans la soirée. Il devait se rendre mardi au Pakistan avant d'aller en Inde.

Avec AFP