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Catalogne : Madrid est prêt à lancer la procédure de suspension partielle de l'autonomie

Après avoir obtenu l'accord de l'opposition, le gouvernement espagnol devrait révéler, samedi, à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire, les modalités de la prise de contrôle temporaire des institutions catalanes.

Le gouvernement espagnol a obtenu, vendredi 20 octobre, le soutien de l'opposition pour mettre la Catalogne sous tutelle et convoquer des élections en janvier 2018 afin de trouver une issue à la crise née des velléités d'indépendance de la plus riche région d'Espagne.

Cette solution est possible en vertu de l'article 155 de la Constitution espagnole de 1978, qui n'a jamais été utilisé et permet à Madrid d'agir ainsi et de suspendre l'autonomie de la région.

Les modalités de la prise de contrôle temporaire des institutions catalanes n'ont pas été détaillées. Mariano Rajoy, président du gouvernement, devrait les révéler samedi 21 octobre à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire.

Rassembler gouvernement et opposition

Mariano Rajoy, soucieux de présenter une image consensuelle face à une crise sans précédent, voulait obtenir l'accord du Parti socialiste (PSOE), principale formation de l'opposition, avant d'ordonner la dissolution du Parlement catalan. Il s'est en outre assuré du soutien des centristes de Ciudadanos.

Le Sénat devrait se prononcer vendredi prochain sur cette mesure de tutelle inédite, a dit une porte-parole de la chambre haute. Une commission spéciale doit être formée pour en débattre et se réunira probablement lundi.

Catalogne : Madrid est prêt à lancer la procédure de suspension partielle de l'autonomie

Ensuite, Carles Puigdemont, président de l'exécutif catalan, sera autorisé à faire valoir ses arguments, par écrit ou en personne, et le Sénat, où les conservateurs du Parti populaire (au pouvoir) sont majoritaires, se réunira en séance plénière.

Ce calendrier a été fourni par la socialiste Carmen Salvo. Interrogée sur l'antenne de la chaîne de télévision publique TVE, elle a déclaré que la tenue d'élections anticipées en janvier faisait partie des mesures envisagées par Madrid. Ce que le porte-parole du gouvernement, Inigo Mendez de Vigo, n'a pas démenti. "L'issue logique de ce processus serait la tenue d'élections, organisées conformément à la loi", a-t-il dit lors de son briefing hebdomadaire.

Les banques comme outil de protestation

Quelques heures plus tôt, des centaines de Catalans avaient imaginé une nouvelle manière de protester : retirer de l'argent. Objectif : dénoncer la "répression" de Madrid et le transfert de sièges sociaux de banques hors de la région, que le gouvernement a facilité, en faisant en masse des retraits symboliques ou importants.

"C'est une manière de protester", expliquait à l'AFP Roser Cobos, une avocate de 42 ans qui a retiré 1 714 euros, en référence à l'année de la chute de Barcelone aux mains des troupes du roi Felipe V.

Le bras de fer politique entre Madrid et le pouvoir exécutif catalan dure depuis des semaines et l'organisation, jugée illégale par la Cour constitutionnelle, d'un référendum d'autodétermination en Catalogne le 1er octobre.

L'Union européenne juge la situation en Espagne préoccupante mais elle n'a aucune intention d'entrer dans une médiation entre Madrid et Barcelone.

S'exprimant en marge d'un Conseil européen à Bruxelles, auquel Mariano Rajoy participait, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Emmanuel Macron, ont toutefois tous deux exprimé leur soutien à Madrid.

Avec Reuters et AFP