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À Raqqa, les FDS paradent sur le "rond-point de l'enfer" de l'EI

Les Forces démocratiques syriennes ont fêté mardi la reprise de la ville de Raqqa, en paradant sur le rond-point d'Al-Naïm, emblématique du fief des jihadistes de l'EI, où ils accrochaient les têtes coupées de leurs suppliciés.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), des combattants antijihadistes kurdes et arabes, ont célébré mardi la reprise totale de Raqqa, après s'être emparées du principal hôpital, du stade municipal et du rond-point emblématique où le groupe État islamique (EI) procédait aux décapitations et autres atrocités quand il était maître de cette ville syrienne.

Arborant leurs drapeaux jaunes, les combattants des FDS ont envahi le rond-point d'Al-Naïm et sa clôture de métal pour marquer la victoire après de longs mois de combats. C'est sur cette clôture que l'EI accrochait les têtes coupées de ses suppliciés.

Laboratoire de l'horreur

Pendant les trois ans durant lesquels les jihadistes ont contrôlé Raqqa, la "capitale" de l'EI en Syrie, transformée en un laboratoire de l'horreur, cette place avait été rebaptisé par les habitants le "rond-point de l'enfer".

"C'est ici que Daech décapitait des personnes innocentes accusées de refuser de servir l'EI", explique Rojda Felat, commandante FDS pour l'opération de Raqqa, alors que les blindés des combattants paradaient autour de la place.

On #BBCNewsTen we take you inside Raqqa where SDF fighters are on a victory roll after defeating the so called Islamic State pic.twitter.com/klB0cqQvCh

  Quentin Sommerville (@sommervilletv) 17 octobre 2017

Pour les habitants de Raqqa qui avaient pu fuir la ville, la nouvelle de la reprise d'Al-Naïm suscite une forte émotion. "Ils ont décapité mon neveu. J'ai été fouettée à quatre reprises à cet endroit parce que j'avais mal mis mon niqab", raconte Oum Abdallah, une femme âgée de 44 ans qui a fui sa ville il y a trois ans. "J'espère que les têtes des combattants de Daech seront accrochées sur la même clôture de métal", dit-elle, la voix étouffée.

Ahmad al-Hassan, un membre des FDS originaire de Raqqa, dit aussi ne pouvoir s'empêcher de penser aux atrocités commises par l'EI sur ce rond-point. "Je me souviens de la première décapitation sur le (...) rond-point. De la première fois où ils ont brûlé des livres, des romans en français et en anglais, et des cigarettes", raconte le jeune combattant.

Ruines et désolation

Tout autour de la place, un paysage de désolation, avec des immeubles en ruines, des rues jonchées de décombres et de carcasses de voitures, une ville ravagée par plus de quatre mois de combats et de bombardements aériens de la coalition internationale antijihadiste.

Le bilan des affrontements s’élève à 3 250 morts : 1 130 civils, y compris 270 enfants et 2 120 combattants des deux bords -, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé à Londres.

C'est en novembre 2016 que les FDS avaient lancé leur offensive "Colère de l'Euphrate", œuvrant d'abord à conquérir les territoires autour de Raqqa, pour isoler la ville.

Dès le mois de juin, leurs combattants étaient entrés dans la métropole, avec l'appui aérien de la coalition internationale. En Syrie, l’EI ne contrôle plus que quelques poches dans le centre du pays. le groupe jihadiste est également présent, en nombre restreint, dans la périphérie sud de Damas. Son dernier bastion d’envergure est désormais la province de Deir Ezzor (est), frontalière de l'Irak.

Avec AFP