Les deux millions et demi d'électeurs du Kurdistan irakien, région autonome du nord du pays, se sont déplacés en masse pour élire leur président et les députés du Parlement. Les résultats officiels du scrutin sont attendus mardi.
AFP - La province autonome du Kurdistan irakien a massivement participé samedi à l'élection de son président et de son Parlement, au cours d'un scrutin qualifié de "transparent" par la commission électorale irakienne.
Selon la commission, le taux de participation a atteint 78,5% dans ces élections qui se sont déroulées dans un contexte tendu entre les Kurdes et le pouvoir central de Bagdad qui se disputent le contrôle de territoires riches en pétrole.
"Les élections ont été un grand succès et se sont déroulées en toute transparence sans aucun problème majeur", a affirmé le président de la commission électorale kurde, Faraj al-Haidari, au cours d'une conférence de presse à Erbil, la capitale du Kurdistan.
Il a souligné que le comptage des bulletins avait débuté et que des résultats préliminaires "seraient annoncés dans trois jours".
Environ 2,5 millions d'électeurs devaient choisir le président du Kurdistan, élu pour la première fois au suffrage universel, et les députés de l'Assemblée composée de 111 sièges.
L'actuel président kurde et chef de Parti démocratique du Kurdistan (PDK), Massoud Barzani, ainsi que quatre autres candidats sont en lice pour la présidentielle alors que 24 listes, dont celle commune du PDK et de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), concourent pour le scrutin législatif.
"C'est la première fois de ma vie que j'ai l'impression de participer à une élection où il existe plusieurs choix et une vraie concurrence", a affirmé à l'AFP Ziz Hassan, un ingénieur de 44 ans, devant un bureau de vote à Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan.
"Aux précédentes élections les deux parties ne donnaient pas le choix aux électeurs", a-t-il ajouté, faisant alllusion au PDK et à l'UPK, du président irakien Jalal Talabani, dont la liste commune avait obtenu 89,5% de suffrages en 2005.
Ces deux partis, qui règnent en maîtres sur la politique locale depuis plusieurs décennies, devraient une nouvelle fois sortir vainqueurs mais l'enjeu du scrutin réside dans le score des listes dissidentes.
"Je vais voter pour la liste Goran car le système politique au Kurdistan a besoin de changement et de renouveau et d'une opposition parlementaire réelle et forte", a assuré Ziz Hassan.
La liste "Goran" (Changement en kurde), emmenée par l'ancien numéro deux de l'UPK, Noucherwan Moustapha, est le principal challenger face au PDK et l'UPK et a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille.
La victoire de la liste commune "Kurdistania" de l'UPK et du PDK "est aussi claire que la lumière du soleil dans un ciel bleu azur", a en revanche lancé une électrice enthousiaste, Chilane Othman 36 ans, dans un autre bureau de vote de Souleimaniyeh.
"Nous espérons que ces élections seront un premier pas dans le règlement des différends avec Bagdad", a indiqué M. Barzani à la presse dans son fief de Salaheddine, au nord d'Erbil.
Restant toutefois inflexible, il a ajouté en réponse à une question sur son programme: "Je travaillerai pour récupérer les territoires disputés".
Dans un message télévisé, le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a semblé tendre la main en indiquant que ces élections étaient une étape "pour bâtir un Irak démocratique et jouir des richesses du pays dont la dictature (de Saddam Hussein) nous a privées".
Bagdad et Erbil se disputent le contrôle de seize secteurs dans les provinces limitrophes du Kurdistan, au premier rang desquels la ville de Kirkouk, dont le sous-sol regorge de pétrole.