Emmanuel Macron a réinvesti mardi le terrain social en retrouvant à Amiens les salariés de Whirlpool, mais aussi le député LFI François Ruffin, venu l'interpeller sur la question des intérimaires, oubliés du projet de reprise.
Whirlpool, acte 2. Cinq mois après sa visite houleuse sur le site de Whirlpool lors de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron est revenu, mardi 3 octobre, à Amiens, où il a eu un long échange, sans animosité, avec le député de la Somme François Ruffin (La France insoumise).
Menacé de fermeture au moment de la campagne présidentielle, Whirlpool a trouvé entre-temps un repreneur. La société WN du Picard Nicolas Decayeux a déposé une offre de reprise qui devrait créer 277 emplois sur ce site, qui employait 300 CDI, 250 intérimaires en quasi-temps plein et une centaine de personnes chez le sous-traitant pour les plastiques Prima.
Le député LFI a interpellé le chef de l’État sur le cas particulier des intérimaires, plaidant pour "un engagement des pouvoirs publics pour pouvoir mettre au clair la question des intérimaires et éviter que des gens se retrouvent à poil, sans rien". "C'est votre responsabilité", a lancé à Emmanuel Macron le réalisateur de "Merci, patron !".
Mais le chef de l’État, qui portait un gilet jaune comme les autres visiteurs, dont le repreneur, lui a répondu qu’il n’avait "pas envie de faire capoter le plan social et le projet actuel". "Je suis très sensible au sujet des intérimaires, mais moi je ne toucherai pas au plan social et au plan de reprise, a-t-il martelé. Aller faire du contentieux aujourd'hui, alors que la priorité est de créer de l'emploi et de l'activité (...), non, je ne vais pas vous faire de la pipe, j'ai toujours dit la vérité. Donc ça, c'est une mauvaise idée", a-t-il encore souligné.
Emmanuel Macron salue un "dialogue social qui fonctionne"
Devant plusieurs salariés, le président de la République a salué chez Whirlpool "un dialogue social qui fonctionne" et s'est félicité de cette "première étape franchie". "Donc, c'est une dynamique", même si "je ne dis pas qu'on va tout réparer en six mois", a-t-il ajouté.
"Moi, je suis pour qu'il y ait plus de dialogue social dans l'entreprise. La réforme [du Code du travail , NDLR], qui peut être contestée, elle évite, je pense, d'avoir le marché du travail tel qu'il est aujourd'hui : vous avez les gens dans l'entreprise qui ont la protection" et ceux qui n'ont pas d'emploi.
"Ici, c'est un bon exemple. Si vous êtes là, c'est grâce à vous ! Ici, il n'y a pas eu la politique du pire qui a été tenue par les salariés comme par les organisations syndicales. Ça paie !", a-t-il insisté.
Un peu avant l’arrivée d’Emmanuel Macron sur le site de Whirlpool, François Ruffin s'était félicité du projet de reprise, soulignant que "ça n'a pas été fait par hasard, mais parce que les salariés se sont bougés le derrière".
La reprise du site doit encore être concrétisée avec la signature d'un accord entre le groupe d'électroménager et l'industriel picard Nicolas Decayeux pour "réindustrialiser" le site, promis à la fermeture en juin 2018.
Avec AFP