Objet de tous les fantasmes depuis 48 heures, les tensions perçues entre Neymar et Cavani lors de PSG-Lyon, dimanche, n’ont rien d’inattendues. Et c’est le lot inévitable de tout effectif qui veut prétendre régner sur l’Europe.
Au lendemain du premier couac du PSG version Neymar, la presse n’a pas manqué sa cible. Sur le terrain, alors qu’il décrochait son sixième succès en six rencontres dimanche soir face à Lyon (2-0), le PSG a – enfin ! – montré ses premiers signes de fébrilité. Quelques signes de tension sont indéniablement apparus entre la nouvelle star parisienne et l’expérimenté Cavani, buteur du club visiblement peu disposé à abandonner ses prérogatives sur coups de pieds arrêtés.
Au cours de la rencontre, à deux reprises, les Sud-Américains se disputent des occasions franches de parfaire leurs statistiques : un coup franc bien placé, puis un pénalty. La boîte de Pandore est ouverte. Coup sur coup, L’Équipe, quotidien référence en matière de sport en France, consacre sa une aux deux rivaux : "Un cher succès", lundi 18 septembre, puis "Le clash", le lendemain.
Le plus surprenant dans cette histoire n’est pas tant de voir deux stars planétaires se disputer une balle de but, mais beaucoup plus de voir le retentissement inédit que l’affaire a pris depuis 48 heures, comme si les tensions de vestiaires dans le football étaient nées au Parc, un soir d’automne 2017. Cavani et Neymar ont des objectifs individuels qui s’entrechoquent ? Quoi de plus surprenant ?
D’un côté, le joueur le plus cher de l’histoire du football, venu à Paris pour mener à bien une quête personnelle : celle d’enfin ravir le titre de meilleur joueur du monde au duo Messi-Ronaldo. De l’autre, un buteur de premier ordre qui, à 30 ans, refuse désormais de mener sa carrière dans l’ombre, après avoir accepté de jouer les seconds rôles à Paris durant les années "Zlatan". Sauf que sur le terrain, il n’y a qu’un seul ballon et, même si le PSG le confisque généralement à son adversaire, ses stars doivent apprendre à partager.
Que l’affaire Neymar-Cavani mérite d’être contée, analysée même, ne fait l’objet d’aucune contestation. Les théories de la consolidation d’un "clan brésilien" au sein du vestiaire du PSG sont là aussi passionnantes, et méritent même d’être décryptées autant que possible : elles constituent l’une des clés pour comprendre le contexte parisien, qui s’est passablement complexifié avec l’arrivée de Neymar et son "opération Ballon d’Or".
Reste que pour l’heure, au PSG, évoquer une hypothétique implosion du vestiaire revient à mettre la charrue bien avant les bœufs. "Ce sont des histoires montées en épingle. Je ne sais pas pourquoi on créé toutes ces affaires... La vérité, c'est que ce sont des choses normales, qui arrivent dans le football", explique très justement El Matador, lundi, dans un entretien pour l'émission uruguayenne Gol de Medianoche, sur Radio Universal.
Et sans surprise, du côté du coach parisien Unai Emery, pas question de tirer la sonnette d’alarme, même s’il assure qu’il fera ce qu’il faut pour tuer le conflit dans l’œuf : "Il faut un gentlemen's agreement sur le terrain pour frapper [les coups de pieds arrêtés, NDLR]. On va s’arranger en interne, continuer à en parler […] Si les deux ne trouvent pas d’accord, je vais prendre la décision sur qui va frapper. C’est pour ça que je ne veux pas que ce soit un problème pour nous."
Finalement, la rivalité entre Neymar et Cavani n’a rien d’inattendue, et c’est au club de définir avec autorité les prérogatives de chacun pour que la compétition se transforme rapidement en émulation. Clash consommé ou simple couac, les rivalités en interne au PSG sont inévitables ; le revers de la médaille d’une accumulation de stars au sein d’une institution qui n’a pas encore l’aura d’un Real ou d’un Barça.