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Saint-Martin et Saint-Barthélemy soufflent mais font face aux pénuries et pillages

Soulagés après le passage plus éloigné que prévu, samedi, de l’ouragan Jose, les habitants des îles de St-Martin et St-Barthélemy font encore face à la pénurie de biens de première nécessité et à la crainte des pillages.

"On est très heureux ! C'est un soulagement de fou ! " Après l’ouragan Irma, Junior Joseph – à l’image de la population de Saint-Martin et Saint-Barthélemy – craignait le pire. Réfugié dans un établissement scolaire, ce Saint-Martinois de 28 ans attendait, la peur au ventre, le passage d’un second ouragan, Jose, de niveau 4 sur une échelle de 5. Sa trajectoire a finalement évolué, samedi 9 septembre, épargnant ces deux îles des Caraïbes déjà durement touchées.

Les effets de José ont été "nettement moins marqués" sur le territoire, a confirmé Météo-France, avec des vents soufflant en moyenne à 35/40 km/h et de 60 à 80 km/h en rafale.

Saint-Barthélemy et Saint-Martin peuvent désormais s’attaquer à la reconstruction qui s’annonce des plus ardues, d’autant qu’une somme de problèmes urgents s’accumulent : manque d'eau, de nourriture, pas d’électricité et une situation sanitaire délicate, l’hôpital de Saint-Martin ayant été lourdement endommagé. Un premier coût des dommages a été évalué à 1,2 milliard d'euros par la Caisse centrale de réassurance (CCR).

Le président Emmanuel Macron se rendra mardi à Saint-Martin, a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.

Eau, nourriture et carburant “difficiles” à acheminer

La préfecture de Guadeloupe a annoncé, samedi, que les secours et l’envoi de vivres devaient “s’intensifier” : "1 036 tonnes d'eau, 85 tonnes de nourriture et 58 m³ de carburant sont partis de Guadeloupe", affirme-t-elle. Un A400M, venant de métropole, est également arrivé en Martinique, avec à son bord des militaires, un hélicoptère et du fret.

L'eau et la nourriture doivent "désormais être distribuées à la population dans des conditions d'acheminement difficiles", a déclaré le Premier ministre Edouard Philippe, après une réunion de crise à l'Élysée samedi soir.

Les autorités doivent aussi s’atteler à sécuriser les deux îles et notamment Saint-Martin, où le chaos profite aux pilleurs qui ont dévalisé des magasins et des pharmacies. Le ministère de l’Intérieur a fait état de 11 interpellations. Dans un tweet, le président Emmanuel Macron a assuré que les effectifs militaires et de police allaient être "doublés" pour "renforcer rapidement la sécurité des sinistrés". Outre les 410 gendarmes et 80 policiers déjà sur place, trois escadrons de gendarmerie mobile, soit 240 gendarmes supplémentaires, doivent être déployés.

Saint-Martin et Saint-Barthélemy soufflent mais font face aux pénuries et pillages

“Le dispositif de gestion de crise en France est sous-dimensionné”

Malgré l’aide gouvernementale mise en place, des tensions se sont rapidement fait sentir parmi la population saint-martinoise. "Je suis en colère après Paris et sa gestion de crise", a notamment déclaré à l’AFP Nicolas, fonctionnaire installé depuis six ans sur l'île.

Jérôme Perrin, chargé de mission à la protection civile, reconnaît un manque de communication : "Les gens localement n’ont pas accès à l’électricité, ni aux moyens de communication. Ils ne sont pas au courant, ou très peu, de la manière dont se gère la crise, aussi bien localement que depuis la métropole. Les locaux, qui sont les premiers impactés, eux, n’ont pas accès à l’information". Et de se montrer rassurant : "L’ouragan Jose étant passé, cette phase critique s’éloigne et on va pouvoir déployer les moyens prévus".

Un début de polémique a également commencé à poindre dans la sphère politique en métropole. La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, a dénoncé des moyens "tout à fait insuffisants", et des insulaires "obligés d'organiser leur propre défense". Le républicain Patrick Karam, ex-président du Conseil représentatif des Français d'outre-mer, a, quant à lui, condamné les "défaillances du gouvernement".

Interrogé par France 24, Christian Sommade, du Haut-Comité pour la défense civile, estime que Saint-Martin et Saint-Barthélemy n’étaient pas assez préparées à une catastrophe climatique de cette ampleur. “Le dispositif de gestion de crise en France est sous-dimensionné. Les décisions sont prises, mais en réaction, pas en anticipation”, regrette-t-il, soulignant toutefois que l’Hexagone a la capacité de soutenir les efforts de reconstruction.

“La vraie problématique que cela pose, c’est celle de la préparation. Il faut avoir une veille permanente sur ces territoires qui sont par essence fragiles”, poursuit-il. “Il faut aussi que toutes les structures puissent se préparer au niveau communal, au niveau national. Et se préparer mieux car nous aurons à faire face, dans les années à venir, à des catastrophes d’ampleur”.

Avec AFP