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Le gouvernement catalan convoque un référendum d'autodétermination

Le gouvernement espagnol affronte une des crises politiques les plus graves de l'Histoire de cette jeune démocratie avec la convocation en Catalogne d'un référendum d'autodétermination pour le 1er octobre.

Le gouvernement séparatiste catalan a convoqué, mercredi 6 septembre, un référendum d'autodétermination dans cette région du nord-est de l'Espagne pour le 1er octobre, ouvrant une très grave crise avec le pouvoir central.

Le texte a été signé à 23 h 26 (21 h 26 GMT) par l'ensemble du cabinet, sous les flashes et devant de nombreuses caméras, pour marquer son union face aux menaces de poursuites judiciaires qui pèsent sur ses membres. La signature intervient après la promulgation de la loi régionale organisant la tenue de ce scrutin, au nom du "droit du peuple catalan à décider de son avenir politique".

Les parlementaires indépendantistes, majoritaires depuis 2015, ont estimé dans ce texte que "le peuple de Catalogne est un sujet politique souverain". Et vont jusqu'à instaurer un "régime juridique exceptionnel" qui prévaudra sur toutes les normes qui pourraient entrer en conflit avec la loi, ce qui équivaut à dire d'avance à l'État et à la justice qu'ils ignoreront leurs décisions.

La loi organisant le référendum a été adoptée avec 72 votes pour et onze abstentions. Il n'y a pas eu de voix contre car les élus opposés au scrutin ont refusé de voter et ont quitté l'hémicycle, laissant derrière eux des drapeaux catalans et espagnols côte à côte.

Une séance houleuse de près de onze heures

Ensuite, dans une assemblée à moitié vide semblant incarner la division de la région en parts presque égales entre indépendantistes et partisans du maintien en Espagne, les séparatistes ont repris en cœur l'hymne de la Catalogne.

Ce chant, Els Segadors, qui fait référence au soulèvement populaire contre la couronne d'Espagne en 1640, a été entonné à l'issue d'une séance très houleuse de près de onze heures. Par tous les moyens, l'opposition a tenté de freiner les séparatistes, exigeant de plus longs débats et davantage de garanties.

À peine trois semaines après les attentats des 17 et 18 août qui ont fait 16 morts et plus de 120 blessés en Catalogne, l'Espagne est ainsi confrontée à une de ses pires crises politiques en 40 ans de démocratie.

Les séparatistes veulent consulter les Catalans pour déterminer si leur région de 7,5 millions d'habitants – 16 % de la population espagnole – doit devenir "un État indépendant sous forme de République". Si les indépendantistes remportaient le référendum, ce territoire grand comme la Belgique et pesant 20 % du PIB espagnol chercherait à se séparer de l'Espagne, mais sans consentement mutuel.

L'Union européenne observe et a fait savoir qu'elle ne reconnaîtrait pas un État catalan. Le gouvernement central a promis que le vote du 1er octobre n'aurait pas lieu... sans dévoiler son plan.

Avec AFP