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Conséquence des sanctions américaines contre l’Iran, Apple a retiré des applications iraniennes de sa boutique en ligne. Un mauvais signal pour le secteur des start-up iraniennes mais aussi pour la population qui dénonce une décision "humiliante".

"Apple ne veut plus de nous, nous nous sentons humiliés. Nous n’avons rien fait pour mériter cette punition." À l'instar de milliers d'utilisateurs d'iPhone en Iran, Akbar Hashémi, rédacteur en chef de Shanbe, le premier magazine iranien consacré au monde des start-up, regrette le choix du géant américain de bloquer une dizaine d'applications mobiles parmi les plus téléchargées par les Iraniens sur l'Apple Store.

"La décision d'Apple nous isole de la technologie mondiale, c’est très vexant", estime le spécialiste joint à Téhéran par France 24. Parmi les services bloqués, l’équivalent du Uber iranien, Snapp, ou encore l'Amazon local, Digikala, ne sont plus accessibles aux utilisateurs d’iPhone en Iran.

Dans un bref message, Apple informe ses utilisateurs que ces services ne sont plus accessibles "en raison des sanctions américaines […] contre certains pays sous embargo".

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"Nos jeunes sont les premières victimes de cette décision. Des jeunes qui, comme partout dans le monde, entretiennent un rapport intime avec leur iPhone. Il fait partie de leur quotidien, ils comptent sur lui…", déplore Akbar Hashemi.

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Pétition sur Internet

En colère, des Iraniens ont donc lancé une pétition sur Twitter et continuent d’interpeler le patron d’Apple, Tim Cook, depuis une semaine, pour lui demander de revoir son jugement avec le hashtag en anglais "StopRemovingIranianApps" (Arrêtez de supprimer les applications iraniennes).

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L e jeune ministre iranien des Télécommunications, âgé de 36 ans est même monté au créneau. "Le respect du droit des utilisateurs est un principe de base qu'Apple n'a pas respecté", a-t-il tweeté. Javad Azari Jahromi a indiqué qu'il travaillait avec le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, pour régler le problème.

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Un coup dur pour les start-up iraniennes

La décision de la société américaine affecte non seulement les sociétés iraniennes mais aussi les développeurs. "Une partie du marché des start-up reposait sur iOS. Certains jeunes ici ont emprunté de l’argent pour monter leur start-up, investissant dans le développement de leurs applications pour iPhone. Des milliers de développeurs iraniens vont devoir se reconvertir" estime Akbar Hashémi.

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En pleine ébullition, le secteur des start-up iraniennes espérait beaucoup après la levée des sanctions internationales contre le pays en juillet 2015. L’ouverture économique a effectivement engendré l’arrivée de fonds étrangers pour financer le développement de leur business. Mais les États-Unis, après avoir mis fin à une partie des sanctions, ont continué d’appliquer d’autres restrictions. La réaction d’Apple en est une conséquence directe.

La “story Apple” égratignée

Pour Akbar Hashemi, la décision de Tim Cook va à l’encontre de la philosophie des start-up et égratigne le mythe Steve Jobs, "celui d’un homme qui a su créer une entreprise qui se développe au-delà des frontières, s’affranchissant de la politique". "On n’attendait pas de cette compagnie-là qu’elle se plie ainsi au politique", regrette le journaliste.

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Derrière les reproches de ce spécialiste des nouvelles technologies iraniennes, celui de nombreux utilisateurs : Apple courberait l’échine devant le gouvernement anti-iranien de Donald Trump censurant les applications iraniennes sous de faux prétextes. Pour preuve, certains rappellent que l’iPhone ne propose toujours pas de clavier en persan. Des applications en langue persane créées en Europe, et donc hors d’un pays sous embargo, ont aussi été bannies des téléphones de la marque.

Sans boutique officielle dans la République islamique, l’iPhone représente pourtant 11 % du marché des smartphones iraniens, soit l’équivalent de 6 millions d’utilisateurs. La plupart des produits Apple arrivent dans le pays par contrebande. Toutefois, le gouvernement vient de désigner plusieurs sociétés autorisées à importer légalement la marque en Iran.

– Article initialement publié sur le site de France 24.

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