logo

Brexit : Theresa May adoucit son discours mais Bruxelles reste ferme

Alors que le troisième round des négociations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni sur le Brexit débute lundi après-midi, la Première ministre Theresa May a d’ores et déjà adouci son discours, laissant tomber sa ligne dure du début d’année.

Une rupture "claire et nette" entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, avait affirmé Theresa May, mi-janvier, lors de son discours à Lancaster House sur le Brexit. Sept mois plus tard, alors que s’ouvre, lundi 28 août, un troisième round de trois jours de négociations sur le Brexit, le ton a changé.

Le gouvernement britannique a transmis la semaine dernière à Bruxelles des documents techniques sur sa vision du Brexit dans plusieurs domaines. Si les documents concernant les échanges commerciaux et la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord ont été critiqués par les responsables européens pour leur manque de substance, Londres a toutefois adopté un discours plus conciliant et sa position sur la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a nettement évolué. Alors que Theresa May affirmait en janvier vouloir reprendre "le contrôle de [ses] lois" et mettre "fin à la compétence" de la CJUE au Royaume-Uni, son gouvernement semble finalement prêt à accepter un rôle indirect de la Cour européenne, notamment dans l’optique de résoudre les éventuels futurs litiges entre Londres et Bruxelles, une fois le Brexit acté.

"Il y a clairement un changement de ton, mais c’est le minimum syndical, estime Philippe Moreau-Defarges, spécialiste de l’Union européenne et chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), contacté par France 24. Après les élections perdues du mois de juin, Theresa May n’a plus aucune autorité et ne peut pas faire autrement que d’abandonner l’idée d’un Brexit dur. Elle n’a ni la capacité ni les moyens de bâtir une stratégie qui irait dans ce sens."

Ainsi, le discours qui consistait à vouloir rompre les ponts de manière très radicale a laissé place à la volonté de trouver une formule permettant au Royaume-Uni de rester arrimé au marché européen. Pour de nombreux observateurs, le gouvernement britannique, après s’être laissé emporter par l'ivresse créée par le référendum sur le Brexit, revient désormais à la réalité et prend conscience des futures conséquences négatives d’une sortie de l’UE. "Les deux parties doivent être souples et vouloir trouver des compromis", a notamment déclaré à l’AFP une source gouvernementale britannique, estimant qu'"aucune des deux parties ne devrait traîner des pieds".

"Le Brexit va s’enliser"

Problème, les négociateurs européens restent intransigeants et refusent d’évoquer la future relation entre l’UE et le Royaume-Uni tant que l’organisation du divorce n’est pas réglée. Trois dossiers sont jugés prioritaires par l’équipe de Michel Barnier, qui dirige les négociations côté UE : la facture que devra honorer le Royaume-Uni en quittant l'Union européenne, le sort des citoyens européens sur le sol britannique et l'avenir de la frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord.

"L’UE va tout faire pour que le Brexit soit le plus dur possible afin de donner une leçon aux pays d’Europe de l’Est qui rechignent à suivre Bruxelles sur certaines questions, comme les migrants ou les droits de l’Homme, affirme Philippe Moreau-Defarges. Les négociations ne devraient donc pas réellement avancer jusqu’en 2018. Le Brexit va s’enliser."

Michel Barnier avait souhaité que les 27 puissent trancher la question des "progrès suffisants" lors d'un sommet en octobre, ce qui aurait permis d'engager des tractations parallèles sur les futures relations commerciales avec Londres. Mais selon une source diplomatique, le négociateur en chef de l'UE a récemment "exprimé des doutes" sur ce calendrier, en raison du peu d'avancées enregistrées.