![Antiterrorisme : "Le dispositif Sentinelle est nécessairement imparfait" Antiterrorisme : "Le dispositif Sentinelle est nécessairement imparfait"](/data/posts/2022/07/22/1658505596_Antiterrorisme-Le-dispositif-Sentinelle-est-necessairement-imparfait.jpg)
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a annoncé mardi que le dispositif Sentinelle allait être réorganisé. Une redéfinition qui permettra aux militaires de l'opération davantage de mobilité pour parvenir à plus d'efficacité.
L'opération Sentinelle va être réorganisée. Les 7 000 soldats déployées au lendemain des attentats de 2015 pour protéger la France du terrorisme seront "plus mobiles", a annoncé le ministère de l'Intérieur Gérard Collomb, mardi 22 août. Une réorientation du programme réclamée depuis plusieurs mois.
"Nous allons redéfinir le dispositif de manière à le rendre plus mobile. C'est-à-dire qu'on n'ait pas simplement un dispositif de 7 000 personnes (...) qui soient sur des postes fixes, mais peut-être 3 500 dans des postes définis et 3 500 dans des postes plus souples de manière à pouvoir garantir par exemple la Braderie de Lille", a déclaré le ministre sur BFM TV.
"Plusieurs scénarii sont à l’étude. Des propositions conjointes Beauvau-Armées seront faites prochainement au président et au Premier ministre, indique à France 24 le ministère de l'Intérieur, qui précise que la mesure sera évoquée lors du conseil de Défense du 30 août. Et d'ajouter : "Le but de ce travail n’est pas de faire moins et avec moins d’hommes, mais de faire mieux et plus efficace, en donnant à la mission plus d’agilité opérationnelle. Les patrouilles dynamiques doivent être privilégiées".
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"Une option sur la table depuis plusieurs mois"
Depuis son déploiement en 2015, les militaires de Sentinelle, dont la moitié des effectifs sont déployés en Île-de-France ont été pris pour cibles à six reprises. La dernière attaque en date a eu lieu le 6 août 2017 à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine. Une voiture bélier a foncé sur une patrouille. À chacun de ces événements, plusieurs voix de responsables politiques, mais aussi de conseillers se sont élevées pour dénoncer l'inefficacité du dispositif et demander sa réforme ou sa suppression pure et simple.
De là à voir dans l'annonce de Gérard Collomb une réponse directe aux reproches formulés depuis l'attaque des Hauts-de-Seine ? "Absolument pas ! La question de la mobilité de Sentinelle est sur la table depuis plusieurs mois", souligne Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste de la défense.
Un rapport du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDNSN) préconisait déjà en juin de supprimer les postes statiques de Sentinelle. L'idée : créer de l’incertitude chez les terroristes en renforçant le caractère aléatoire de la surveillance et permettre aux militaires de recueillir de l’information en étant au contact de la population.
À cette logique opérationnelle, Jean-Pierre Maulny en ajoute une seconde : "Passer des heures et des heures à surveiller un endroit est très mauvais pour le moral des armées", explique l'expert à France 24. "Il y a donc un aspect purement pratique à la proposition de Gérard Collomb."
Un dispositif conçu pour la dissuasion
Pour le directeur adjoint de l'IRIS, pas question cependant de supprimer totalement le dispositif comme la réclament certains responsables politiques et militaires : "Certes, il faut réduire la partie militaire de Sentinelle, car elle coûte trop cher, mobilise trop de monde et ne constitue pas la mission première des armées, mais il ne faut pas supprimer Sentinelle", tranche le chercheur. "Il faut le maintenir, car symboliquement il est très important de montrer que les militaires font partie du dispositif."
L'opération militaire agit avant tout comme un signal : elle montre à la population française que l'armée est mobilisée pour la protéger et aux potentiels terroristes que la France est en alerte.
"Sentinelle est nécessairement imparfait", concède le spécialiste des questions de défense. "Ce n'est pas un dispositif qui est destiné à être 100 % opérationnel, car il se veut avant tout dissuasif".