Au terme d'un accord obtenu après un cessez-le-feu entre le Hezbollah et Fateh al-Cham, quelque 7 000 personnes, dont des jihadistes et des réfugiés syriens, ont quitté la région d'Ersal en direction d'un fief rebelle en Syrie.
C’est un convoi de cars très spécial qui s’est ébranlé, mercredi 2 août, depuis la région d’Ersal, dans l'est du Liban, en direction de la zone frontalière de Flita, en Syrie.
En effet, un accord a été négocié la semaine dernière entre le Hezbollah, le mouvement politico-militaire libanais, allié du régime syrien, et le Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda), au terme d'intenses combats. Un convoi de bus transportant plusieurs centaines de personnes, des jihadistes, des membres de leurs familles et des civils syriens, doit se rendre à Idleb (nord-ouest), dernier fief tenu par les rebelles en Syrie.
Selon les médias libanais, plus de 7 000 personnes, dont plus de 1 000 combattants, sont concernés par ce transfert. Parmi elles, le chef local du groupe jihadiste Fateh al-Cham, Abou Malek al-Tallé, "qui est monté à bord de l’un des bus", a assuré à France 24 le général Abbas Ibrahim, directeur de la Sûreté générale, l'un des principaux services de sécurité libanais. Des chaînes de télévision libanaises ont montré des images de ces bus roulant sur des chemins de terre.
Dans le cadre de cet accord, trois combattants du Hezbollah ont été récupérés par les autorités libanaises dans la nuit de mardi à mercredi après remise au Fateh al-Cham de trois prisonniers, réclamés par le groupe jihadiste, a confirmé le général Abbas Ibrahim, chargé des négociations. Selon l'agence de presse libanaise ANI, les combattants du mouvement chiite qui se bat aux côtés des troupes régulières syriennes, sont arrivés dans la localité libanaise de Laboué, où ils ont été accueillis par des feux d'artifice.
Cinq autres membres du Hezbollah doivent être libérés en Syrie
Cet accord fait suite à la trêve annoncée le 27 juillet, qui a mis fin à une offensive éclair du Hezbollah contre le Fateh al-Cham dans la région frontalière de Ersal, au Liban, où sont implantés des groupes armés venus de la Syrie voisine et qui abrite, dans des camps informels, des milliers de réfugiés syriens. Cerné, le groupe jihadiste a accepté de négocier. Cette reddition a été suivie par l’échange des corps de neuf combattants d'Al-Nosra contre les dépouilles de cinq combattants du Hezbollah morts dans les combats.
Conformément à l’accord, cinq autres membres du Hezbollah, faits prisonniers en 2015 en Syrie, seront libérés lorsque le convoi de bus arrivera à destination, afin, semble-t-il, de garantir aux jihadistes que leur passage en Syrie dans des zones contrôlées par les forces de Bachar al-Assad se déroulent sans encombres.
"Il s’agit d’une victoire, une victoire pour le Liban, car la libération de ce territoire de la présence de jihadistes n’est pas un sujet de débat, elle profite à l’ensemble des Libanais", a conclu le général Ibrahim, en réponse à certaines voix qui s’étaient élevées contre cet accord, considéré comme une entorse à la souveraineté du Liban.
Plusieurs responsables politiques rivaux du Hezbollah ont indiqué que c’était à l’armée libanaise de mener l’assaut initial contre le groupe radical, et non au parti chiite. Ajoutant que les jihadistes auraient dû être poursuivis en justice, au lieu d’obtenir un transfert vers leur fief en Syrie. L'armée libanaise déployée dans la région s'est bornée depuis le début de l’offensive à un rôle défensif, autour de la ville libanaise d'Ersal, laissant le Hezbollah mener l’offensive.
Avec AFP et Reuters