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États-Unis : la Chambre des représentants vote l’alourdissement des sanctions contre la Russie

Malgré les réserves du président Trump, les représentants américains ont voté mardi en faveur de l'alourdissement des sanctions contre Moscou, mais aussi contre Téhéran et Pyongyang. C'est à présent au Sénat de se prononcer.

Voici un texte qui ne plaît pas franchement à Donald Trump. La Chambre des représentants s'est prononcée mardi 25 juillet à une très large majorité en faveur d'un alourdissement des sanctions américaines imposées à la Russie, à l'Iran et à la Corée du Nord, malgré les réserves de Donald Trump.

Le texte, adopté par 419 voix contre trois, doit maintenant être approuvé au Sénat à une date non fixée et promulgué ou non par le président.

Républicains et démocrates veulent sanctionner l'annexion de la Crimée ukrainienne en 2014 et les ingérences de Moscou dans la campagne présidentielle de 2016, qui font l'objet de plusieurs enquêtes parlementaires.

Veto de Donald Trump ?

Le texte prévoit aussi un mécanisme inédit qui déplaît à la Maison Blanche : les parlementaires vont s'arroger le droit de s'interposer si jamais Donald Trump décidait de suspendre des sanctions existantes contre la Russie. L'exécutif a eu beau défendre son pré carré, les chefs républicains du Congrès ont été intraitables, tant les élus se méfient des intentions du milliardaire sur une éventuelle détente avec l'adversaire russe.

La Maison Blanche a fait savoir que Donald Trump n'avait pas encore pris de décision quand à la promulgation du texte, qui pourrait compromettre ses projets de rapprochement avec Moscou. Il pourrait toutefois être adopté avec une marge suffisante pour passer outre un éventuel veto présidentiel. "Bien que le président soutienne des sanctions sévères contre la Corée du Nord, l'Iran et la Russie, la Maison Blanche étudie ce projet de loi et attend une version finale sur le bureau du président", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Huckabee Sanders, après le vote.

De Paris à Berlin en passant par Bruxelles, l'initiative du Congrès américain passe très mal, car elle est unilatérale. Jusqu'à présent, le régime de sanctions contre la Russie en raison de la Crimée a été coordonné des deux côtés de l'Atlantique, de façon à faire bloc. "L'unité du G7 à l'égard des sanctions est d'importance primordiale, car il en va du respect de l'application des accords de Minsk", a prévenu lundi le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas.

Les entreprises européennes inquiètes

Plusieurs pays européens, notamment l'Allemagne, sont furieux car la loi donnerait au président américain la possibilité de sanctionner les entreprises qui travaillent sur des pipelines venant de Russie, en limitant par exemple leur accès aux banques américaines ou en les excluant des marchés publics aux États-Unis.

Cette disposition pourrait en théorie ouvrir la voie à des sanctions contre les groupes européens partenaires du projet de gazoduc Nord Stream 2 qui doit accélérer l'acheminement de gaz russe vers l'Allemagne à partir de 2019. Sont notamment concernés le français Engie, les allemands Uniper (ex-EON) et Wintershall (BASF), l'autrichien OMV et l'anglo-néerlandais Shell.

De son côté, le Kremlin a averti que la poursuite de la politique de sanctions nuisait "aux intérêts de nos deux pays".

Avec AFP et Reuters