
Le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj et le général Khalifa Haftar ont accepté mardi, près de Paris, le principe d'un cessez-le-feu sous conditions. Emmanuel Macron a salué "le courage historique" des deux hommes.
C'est un peut-être un premier pas vers la paix en Libye. Six ans après la chute de Mouammar Kadhafi, le chef du gouvernement d'union nationale Fayez al-Sarraj, soutenu par l'ONU, et le général Khalifa Haftar, qui contrôle l'est du pays, ont adopté, pour la première fois, une déclaration commune, à la suite de leur rencontre à l'initiative du président Macron, mardi 25 juillet, au château de la Celle-Saint-Cloud.
La déclaration, agréée mais non signée par les deux parties, entérine un cessez-le-feu sous conditions ainsi que l'organisation d'élections au printemps 2018. "Nous nous engageons à un cessez-le-feu" et "nous prenons l'engagement solennel d'œuvrer pour la tenue des élections présidentielle et parlementaires dès que possible", sont convenu Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar.

"En lisant la déclaration finale, on trouve des éléments qu’il y avait déjà dans la résolution de l’ONU. La vraie nouveauté réside dans la partie concernant les élections", explique Mattia Toaldo, expert au Conseil européen des relations étrangères.
"Courage historique"
Emmanuel Macron a salué "le courage historique" des deux rivaux. "Je crois qu'aujourd'hui la cause de la paix en Libye a fait un grand progrès, je veux vraiment vous remercier pour le travail fait", a déclaré le président français à l'issue de la rencontre. La déclaration conjointe trace la "feuille de route d'une réconciliation nationale", a-t-il poursuivi. "La guerre civile n'a rien d'inéluctable", [...] "beaucoup a été accompli mais beaucoup reste à faire."
Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar ont souligné pour leur part que la solution à la crise libyenne ne peut être que politique et passer par un processus de réconciliation nationale associant tous les Libyens.
Les précédentes tentatives de parvenir à une déclaration commune s'étaient jusqu'à présent heurtées aux divisions internes et aux rivalités entre groupes armés qui se disputent le contrôle du pays depuis la chute de Mouammar Kadhafi.
Cette déclaration commune reste "un succès de visibilité pour la France, [...] un succès dans les relations entre la France et les puissances régionales, estime encore l'expert Mattia Toaldo. Le défi de la France consiste maintenant à maintenir de bonnes relations avec l'Égypte et les Émirats qui soutiennent Haftar mais aussi la Tunisie et l'Algérie, qui se méfient de sa tendance autoritaire."
AFP et Reuters