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Le Japon lance la Journée du télétravail pour tenter de vider le métro de Tokyo en vue des JO 2020

En 2020, Tokyo va accueillir les Jeux olympiques d'été. Mais les transports en commun de la capitale japonaise sont bien trop saturés pour absorber convenablement le flot de supporters venus du monde entier pour les J.O.

Les transports de Tokyo notamment sont au centre de toutes les préoccupations dans les préparatifs des Jeux olympiques de 2020. Déjà bondés aux heures de pointe, les métros et trains de banlieue ne pourront pas accueillir les 920 000 visiteurs attendus dans trois ans, jour pour jour.

Une seule solution : faire rester les Tokyoïtes chez eux. Mais pas question de leur donner des vacances. Le gouvernement du Premier ministre Shinzo Abe a donc fait de ce lundi 24 juillet la Journée du télétravail, un jour-test pour encourager les habitants de la métropole à travailler depuis chez eux et ainsi à éviter d'emprunter les transports en commun.

Télétravail et coworking pour faire de la place.

"Il n'y a pas d'autre option que de demander aux usagers réguliers de rester chez eux plutôt que d'aller au travail", explique Azuma Taguchi, professeur à la Chuo University de Tokyo, à Bloomberg. Si cette pratique n'est pas encouragée selon lui, la surfréquentation des transports en commun provoquera accidents et retards.

750 entreprises et organisations ont accepté de participer à cette journée de sensibilisation. L'entreprise NTT Data Corp., dont les quartiers généraux se situent à Tokyo, prévoit que 5 800 de ses employés restent chez eux ou évitent l'heure de pointe de 8 h à 10 h ce jour-là.

So this day is called Telework Day. Abe government wants office workers to try to work fron home pic.twitter.com/Bo4mu65MIo

— michiyo ishida (@MichiyoCNA) 23 juillet 2017

Un défi d'ampleur pour Tokyo

L'objectif est autrement plus ambitieux que lors des Jeux olympiques de Londres en 2012. Tokyo même comprend 14 millions de personnes contre 8 millions pour la capitale britannique. Sans compter les 35 millions de personnes de la conurbation de Tokyo, dont la majorité travaillent dans le centre.

"Il y avait beaucoup de scepticisme avant 2012, mais nous avons montré que c'était possible"

Stuart Reid, directeur du programme de gestion des demandes en déplacement de Londres a géré les flux de personnes à l'occasion des JO 2012, et pour lui tout est possible. "Même s'il y avait des nombres de passagers records, on a aussi eu beaucoup de commentaires disant que les transports étaient plus calmes que d'habitude, car les schémas d'usage ont significativement changé", explique-t-il à Bloomberg, soulignant que 70 % des Londoniens avait modifié leurs horaires ou trajet pendant l'événement.

"Il y avait beaucoup de scepticisme avant 2012", poursuit-il. "Nous avons montré que c'était possible. L'effort de changement demandé pour Tokyo est possible."

WFH today at #TeleworkDay
本日は #テレワークデイ ということで自宅勤務しております。より自由な働き方を☆ #WeAreCisco https://t.co/gTYU1z5RiP pic.twitter.com/toBXK0O4Ct

— minolyu (@minolyu) 24 juillet 2017

"Je travaille de chez moi aujourd'hui. Une façon plus libre de travailler."

Pour Azuma Taguchi, qui a développé un simulateur de transports exprès pour l'occasion, affirme qu'il faudra qu'au moins 20 % des Tokyoïtes fassent du télétravail pour voir un vrai changement. Le ministère de l'Intérieur a annoncé un mois de délai pour collecter les données nécessaires et savoir combien de personnes ont joué le jeu ce 24 juillet 2017.

Le télétravail, une pratique moderne mais rare au Japon

Dans des régions comme celle de la mégapole qu'est Tokyo, encourager le télétravail peut permettre de désengorger de nombreuses structures. Le gouvernement de Shinzo Abe veut d'ailleurs, comme le rappelle Bloomberg, encourager ces nouvelles formes d'emploi pour favoriser les moments en famille et de loisir. Mais la transition est lente.

"Je pense qu'il y a toujours une réticence des entreprises traditionnelles japonaises qui pensent que ça ne correspond pas à leurs types de fonctions", analyse Jiro Akama, numéro 2 du ministère de l'Intérieur japonais. "Mais nous voulons donner une chance au télétravail."

Our team in #Japan is proud to participate in national #teleworkday today! With #videocollaboration, work can take place anytime, anywhere. pic.twitter.com/BNwlglTcFV

— Polycom Asia Pacific (@PolycomAPAC) 24 juillet 2017

De son côté, le gouverneur de la ville de Tokyo, Yuriko Koike, a lancé un plan de "décalage horaire" qui récompense les entreprises proposant des systèmes alternatifs à la journée de travail classique. Au côté du télétravail se développent ainsi des schémas d'horaires décalés et d'espaces de coworking qui permettent aux employés de limiter les trajets. L'entreprise ferroviaire Tokyo Corp., qui a ouvert 70 espaces du genre à Tokyo, affirme que la demande augmente de 10 % chaque année. Il y a donc un filon.

En attendant que la Journée du télétravail démocratise cette pratique et une vision innovante du monde du travail, on voit encore les files d'attente s'allonger sur les quais du métro tokyoïte qui compte 13 lignes. Toujours mieux, cela dit, qu'il y a quelques années où l'heure de pointe donnait des scènes effrayantes et absurdes sur les quais, avec des employés de métro poussant les usagers pour "fourrer" littéralement les wagons.

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