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Le dissident chinois Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix, est mort

Liu Xiaobo est mort d'un cancer jeudi. Condamné à 11 ans de prison pour "subversion", il avait été libéré fin juin en raison de son état de santé extrêmement dégradé. La Chine porte "une lourde responsabilité" dans son décès, estime le comité Nobel.

Le dissident chinois Liu Xiaobo est mort, jeudi 13 juillet, à l'âge de 61 ans. Il s'est éteint dans la province du Liaoning, dans le nord-est de la Chine, où il était hospitalisé pour un cancer du foie en phase terminale.

En détention depuis huit ans, le prix de Nobel de la paix 2010, distingué pour ses "efforts durables et non violents" en faveur des droits de l’Homme en Chine, avait bénéficié d'une mise en liberté conditionnelle le lundi 26 juin, en raison de son état de santé extrêmement préoccupant. Pékin s'était opposé à son départ à l'étranger pour y être soigné.

Amnesty International a salué son "courage" et sa "dignité" dans une vidéo diffusée sur les réseaux socaux.

La Chine porte "une lourde responsabilité" dans la mort "prématurée" de Liu Xiaobo, a affirmé le comité Nobel à l'annonce de son décès. Berlin, qui avait multiplié les appels à transférer le dissident chinois Liu Xiaobo en Allemagne pour des soins, a de son côté rendu hommage à un "héros de la démocratie".

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a exprimé sa "profonde tristesse". "En dépit de longues périodes de détention, il n'a cessé depuis plus de 30 ans de défendre avec courage les droits fondamentaux, et notamment la liberté d'expression."

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "profondément attristé" et "exprime ses condoléances à sa famille et à ses amis", selon le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric. Mais il s'est abstenu de toute critique envers la Chine.

Ancien enseignant, l'intellectuel et dissident purgeait depuis 2009 une peine de 11 ans de réclusion pour "subversion", après avoir corédigé un texte prônant la démocratie en Chine. Il s'était vu décerner le prix Nobel de la paix alors qu'il était déjà emprisonné. En son absence, la récompense lui avait été remise de manière symbolique le 10 décembre 2010 à Oslo, l'opposant étant représenté par une chaise vide.

L'attribution du Nobel avait suscité une vive colère de Pékin, qui avait gelé ses relations de haut niveau avec la Norvège, tandis que s'effondraient les exportations de saumon norvégien vers la Chine, où le militant des droits de l'Homme est qualifié de "criminel".

Son épouse Liu Xia, poétesse devenue militante, est toujours assignée à résidence. Bien qu'elle ne fasse l'objet d'aucune accusation officielle, elle n'a pas d'accès à Internet, n'est pas autorisée à recevoir chez elle des visiteurs et ne peut que rarement parler par téléphone à des membres de sa famille. Reporters sans frontières (RSF) a exigé ce jeudi la levée "immédiate" de cette mesure.

Avec AFP