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Au Festival d’Avignon, l’Afrique sub-saharienne à l’honneur

Le plus grand festival d'art vivant en Europe qui se tient en France, à Avignon, jusqu’au 26 juillet, consacre cette année un focus à l’Afrique sub-saharienne qui fait la part belle à la danse et à la musique.

Cap sur l’Afrique sub-saharienne. Le 71e Festival d’Avignon, dont RFI est partenaire officiel, a ouvert vendredi 7 juillet son focus dédié à l’Afrique avec un spectacle grave et bouleversant sur le génocide au Rwanda. Tour d’horizon des neuf spectacles présentés dans le cadre de ce focus… qui n’a pas échappé à la polémique à cause de l’absence de spectacle "purement" théâtral de la sélection.

  • "Unwanted"

Avec "Unwanted" ("Non désirés"), la chorégraphe britannique rescapée du génocide au Rwanda, Dorothée Munyaneza, s'attaque à un tabou douloureux du massacre : les milliers d’enfants nés des viols commis entre avril et juillet 1994 pendant les cent jours du génocide. Pour traiter de ce sujet jamais porté sur scène, l'artiste a rencontré 60 femmes et 70 enfants victimes. Entre monologue, danse et chant, c’est à eux qu’elle donne la parole.

Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, 18 h, les 10, 11, 12 et 13 juillet.

  • "Tichèlbè", "Sans repères" et "Figninto - l’œil troué"

Trois spectacles de danse en une représentation. En reprenant "Sans repères", la pièce nourrie de culture urbaine signée Béatrice Kombé, disparue en 2007, Nadia Beugré et Nina Kipré rendent hommage à cette figure de la danse ivoirienne. Née en Haïti mais installée à Bamako où elle dirige le festival de danse, la chorégraphe Kettly Noël propose, elle, "Tichèlbè", mettant en scène une femme cherchant un équilibre entre ses deux personnalités tandis que dans "Figninto - L'œil troué", Seydou Boro et Salia Sanou, formés à Ouagadougou, proposent une pièce pour trois danseurs sur la condition de l'homme contemporain obsédé par la fuite du temps mais qui ne prend plus le temps de la rencontre.

Avignon, Théâtre Benoît-XII, 15h, les 10,11, 13, 14 et 15 juillet.

  • "Basokin"

Entre tambours traditionnels et énergie rock, Avignon aura des airs de Kinshasa avec ce groupe né de la diaspora des natifs du Kasaï oriental. Une expérience sonore et visuelle qui s’annonce imprévisible.

Avignon, Cour du collège Vernet, le 16 juillet à 17h et 20h.

  • "The Last King of Kakfontein"

Dans un spectacle hybride mêlant danse, vidéo et musique en direct, le sud-africain Boyzie Cekwana, danseur à l'origine, raconte les populismes d'aujourd'hui. Le spectacle a été imaginé pendant l'élection présidentielle américaine mais s'inspire aussi de la situation en Europe et en Afrique du Sud.                                              

Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, 18h, les 17, 18, 20, 21, 22 et 23 juillet.

  • "Kalakuta Republik"

Ce sont la vie et la musique du chanteur nigérian Fela Kuti, porte-voix de la contre-culture en Afrique de l'Ouest, qui ont inspiré ce spectacle au chorégraphe d'origine burkinabée Serge Aimé Coulibaly. La Kalakuta Republik ? C’est le nom que le musicien avait donné à sa résidence dans la banlieue de Lagos, un lieu qu’il considérait comme une république indépendante.                                                                            

Avignon, Cloître des Célestins, 22h les 19, 20, 21, 22, 24 et 25 juillet.

  • "Dream Mandé – Djata"

Dans un récit en musique, la chanteuse, auteure et guitariste malienne Rokia Traoré rend hommage à la tradition de récits de l'histoire rapportés par les griots d’Afrique de l’Ouest.                                                                                                                

Avignon, Cour du musée Calvet, du 21 au 24 juillet.

  • "Femme noire"

C'est un grand auteur, Léopold Sédar Senghor, qui clôturera le Festival d’Avignon dans la Cour d'honneur avec "Femme noire", une création de la chanteuse béninoise Angélique Kidjo et du comédien ivoirien Isaach de Bankolé, accompagnés notamment par le saxophoniste camerounais Manu Dibango.                                              

Avignon, Cour d’honneur du Palais des papes, 22 h, les 25 et 26 juillet.

Avec quatre spectacles classés dans la catégorie "danse", trois dans celle de la "musique" et deux dans celle de l'"indiscipline" mais aucun dans la catégorie "théâtre", la sélection de ce "Focus Afrique" avait fait polémique lors de sa présentation en mars dernier. "Inviter un continent sans inviter sa parole, c'est inviter un mort", avait ainsi fustigé le dramaturge congolais Dieudonné Niangouna dans un post Facebook au vitriol. "C'est une façon comme une autre de déclarer que l'Afrique ne parle pas, n'accouche pas d'une pensée théâtrale dans le grand rendez-vous du donner et du recevoir", estimait-il encore. Lors de la conférence de presse d'ouverture du Festival, jeudi dernier, le directeur du Festival d'Avignon, Olivier Py, a fait valoir que sans être du théâtre au sens classique, tous les spectales du Focus étaient basés sur l'écriture. Qu'en pensent les dramaturges africains ? Interrogé par France 24, Hakim Bah*, figure de la nouvelle scène théâtrale guinéenne et lauréat du Prix RFI Théâtre 2016 pour sa pièce "Convulsions", salue dans ce Focus sur l'Afrique "une belle idée". Mais lui qui se présente comme "un lecteur avant d'être un spectateur" et qui dit être venu au théâtre "par la littérature et la poésie", regrette "un manque de spectacle du texte". "On aurait pu faire des commandes à des dramaturges", estime-t-il.

*Hakim Bah donnera une lecture de son dernier texte "Convulsions", primé par RFI au Festival d’Avignon, dans les jardins de la Maison Jean Vilar, le 15 juillet à 11 h.