logo

Venezuela : l'opposant Leopoldo Lopez sort de prison et appelle à continuer le combat

Leopoldo Lopez, l'un des chefs de file de l'opposition au Venezuela, est sorti de prison samedi. Assigné à résidence, il a tout de même réaffirmé son opposition au régime qui traverse une crise politique depuis maintenant trois mois.

Il est l'un des plus emblématiques opposants vénézuéliens. Leader des manifestations qui ont fait vaciller le pouvoir en 2014, Leopoldo Lopez est sorti de prison samedi 9 juillet, sur fond de tensions croissantes entre le président socialiste Nicolas Maduro et l'opposition. Il reste assigné à résidence chez lui à Caracas après plus de trois ans d'incarcération.

Souriant, il a agité le drapeau de son pays et levé les mains en signe de victoire face à des dizaines de ses partisans venus l'acclamer devant son domicile.

1ères images de l'opposant #LeopoldoLopez chez lui à #Caracas."Je renonce pas au combat quitte à retourner en prison" pic.twitter.com/LiWJcowcFt

— FX Freland (@FXFreland) 8 juillet 2017

Peu auparavant, dans un message écrit lu par Freddy Guevara, qui est comme lui membre du parti Volonté populaire, Leopoldo Lopez a promis de "lutter jusqu'à conquérir la liberté pour le Venezuela". "Je maintiens fermement mon opposition à ce régime", a-t-il ajouté.

Condamné pour "incitation à la violence"

La Cour suprême a annoncé sur son compte Twitter avoir décidé la libération de Leopoldo Lopez et son assignation à résidence "pour raisons médicales". Elle précise que la mesure, prise vendredi, a été concédée en vertu de considérations "humanitaires", sans préciser l'état de santé de l'opposant.

Sala Penal del Tribunal Supremo de Justicia otorga arresto domiciliario a Leopoldo López https://t.co/6EIPxogo0P pic.twitter.com/EVGJDoRLzT

— TSJ Venezuela (@TSJ_Venezuela) 8 juillet 2017

Auparavant, la nouvelle de sa sortie avait été donnée par l'un des avocats de Leopoldo Lopez à Madrid, où il compte de très nombreux appuis. Il "se trouve à son domicile de Caracas avec Lilian (Tintori, sa femme) et ses enfants. Il n'est pas encore libre, il est assigné à résidence. On l'a sorti à l'aube", a tweeté Javier Cremades.

Lilian Tintori avait affirmé vendredi avoir pu rendre visite en prison à son époux pendant une heure. Fin juin, il lui avait crié de sa cellule : "Lilian, on me torture !". Leopoldo Lopez, 46 ans, fondateur du parti de droite Volonté populaire et farouche opposant au régime de Nicolas Maduro et de son prédécesseur mort en 2013 Hugo Chavez, était emprisonné depuis février 2014. Il avait été condamné pour "incitation à la violence" pendant des manifestations organisées afin de réclamer la démission du président socialiste qui s'étaient soldées par 43 morts entre février et mai 2014.

Hoy pude ver a Leopoldo, pero solo me lo permitieron durante 1 hora. Exijo que mañana pueda verlo junto con mis hijos @Defensoria_Vzla #DDHH pic.twitter.com/Nm6b5Bmhbx

— Lilian Tintori (@liliantintori) 8 juillet 2017

Fils de bonne famille, diplômé en économie de la prestigieuse université américaine de Harvard, il est issu de l'opposition dure au régime chaviste, qui l'accuse, lui et sa famille, d'être "d'extrême droite" et "putschistes".

"Faire baisser la pression"

Ce geste envers Leopoldo Lopez intervient à un moment où la situation au Venezuela est des plus tendues, des militants partisans de Nicolas Maduro ayant pénétré mercredi dans l'enceinte du Parlement, seule institution contrôlée par l'opposition. Quelque 300 élus et journalistes avaient alors été retenus dans le bâtiment pendant neuf heures.

Les manifestations contre le président vénézuélien sont quasi quotidiennes depuis trois mois et ont fait au moins 91 morts. "Le gouvernement essaie de faire baisser la pression", explique à l'AFP l'analyste Luis Vicente León. Il "cherche à calmer le mouvement de protestation" à l'approche de l'élection, prévue pour le 30 juillet, de l'Assemblée constituante, renchérit le politologue Luis Salamanca.

Le président socialiste, qui dénonce régulièrement un "complot" ourdi par les États-Unis, est sous pression, 80 % des Vénézuéliens étant hostiles à son gouvernement, échaudés par les pénuries, l'hyperinflation et la criminalité galopantes, résultat de la chute des cours du pétrole, la principale ressource du pays. Les files d'attente de plusieurs heures, les pillages et les morts violentes y sont monnaie courante.

Nicolas Maduro a proposé l'élection d'une Assemblée constituante pour sortir de la crise, une option rejetée par l'opposition qui la considère comme une manoeuvre pour s'accrocher au pouvoir et compte organiser un référendum le 16 juillet sur la convocation de cette Assemblée. Nicolas Maduro, qui affirme que cela pourra entraîner une reprise économique et pacifier le Venezuela, est en outre critiqué jusque dans son propre camp, à l'image de la procureure générale Luisa Ortega, chaviste entrée en rébellion.

Avec AFP