Une trentaine d'imams ont lancé samedi une "marche des Musulmans contre le terrorisme", qui s’arrêtera dans plusieurs villes européennes pour s’achever à Paris le 14 juillet. L'initiative suscite des réserves dans la communauté musulmane.
Ils ont démarré leur périple à Paris samedi 8 juillet, sur les Champs-Élysées, théâtre d'un récent attentat jihadiste. Une trentaine d'imams de différents pays ont lancé une "marche des Musulmans contre le terrorisme" qui s’arrêtera dans des villes frappées par des attentats en Allemagne, en Belgique et en France.
À bord d'un bus, les imams vont parcourir les routes d'Europe pendant cinq jours. Objectif : "Éviter la montée de la haine et des affrontements intercommunautaires", suscités par la peur des attentats et un "sentiment de méfiance généralisée".
"Notre message est clair : on ne peut pas associer l'islam à ces barbares et ces assassins" qui tuent au nom d'Allah, a déclaré l'imam Hassen Chalghoumi, l’ancien imam de la mosquée de Drancy, à l’origine de l’initiative, bien connu pour ses positions anti-islamistes et progressistes. À ses côtés, l'écrivain juif d’origine polonaise Marek Halter, naturalisé français et militant du dialogue entre les communautés religieuses.
L'imam chiite modéré @sayidelhusseini, opposant au #Hezbollah, participe à la marche contre le terrorisme qui débute ce samedi à Paris. pic.twitter.com/imL24e5Hht
— Romain Caillet (@RomainCaillet) 8 juillet 2017"La peur suscitée par les récents attentats génère un sentiment de méfiance généralisée et des manifestations racistes (...). Pour éviter cette montée de la haine et des affrontements intercommunautaires, il faut agir vite", précisent les organisateurs par communiqué. Dans Le Parisien, l’imam Hocine Drouiche, membre de la délégation, estimait fin juin que "la phrase que beaucoup d'acteurs musulmans répètent, 'l'islam c'est la paix', n'est plus suffisante. Il faut agir sur le terrain pour contrer ce courant haineux, cet islam politique qui envoie un message de violence".
Berlin, Bruxelles, Londres, Nice
Première étape du voyage, Berlin, frappée par un attentat en décembre 2016. Dans la capitale allemande, des délégations représentant les pays à majorité musulmane se retrouveront le 9 juillet, en présence du gouvernement fédéral et de la Chancelière Angela Merkel.
Chrétiens, juifs, laïcs, gauche et droite confondues, personnalités politiques ou intellectuelles accueilleront ensuite les représentants de l’islam à Bruxelles le 10 juillet. Ils gagneront ensuite Saint-Étienne-du-Rouvray, en France, où le prêtre Jacques Hamel avait été égorgé le 26 juillet 2016.
Le bus se rendra à nouveau Paris où une prière doit avoir lieu le 11 juillet devant l’HyperCasher de la porte de Vincennes, puis devant le Bataclan. Il fera également étape à Toulouse et Nice, ou encore à Londres.
Réserves au sein de la communauté musulmane
Mais la présence de l’ancien imam de Drancy Hassen Chalghoumi suscite des réserves au sein de la communauté musulmane, explique La Croix : "Sa présence sur les chaînes de télévision, ses liens avec le Conseil représentatif des institutions juives de France sont régulièrement critiqués sur les réseaux sociaux", précise le quotidien.
Dans un communiqué commun, trois responsables musulmans - Dalil Boubakeur et Abdallah Zekri de la Grande mosquée de Paris, Amar Lasfar des Musulmans de France - ont condamné le projet.
Les imams participant à cette initiative clôturerons leur périple le 14 juillet à Paris, sur le Champ-de- Mars, avec des représentants des cultes juif, catholique, protestant et orthodoxe.