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État d'urgence, droit d'asile, assistanat, Europe... les réformes annoncées par Macron

Lors de son discours devant les députés réunis en Congrès à Versailles, lundi, le président Emmanuel Macron a annoncé la fin de l’assistanat social, de l'État d'urgence, la réforme du système d'asile et une refonte de l'UE sur de nouvelles bases.

Si la majeure partie du discours d’Emmanuel Macron devant les Parlementaires français réunis en Congrès à Versailles lundi 3 juillet a concerné les évolutions institutionnelles, le président de la République a annoncé de nombreux changements à venir durant son quinquennat. Tour d’horizon des principales mesures.

  • Sécurité : fin de l'état d'urgence, mais "mesures renforcées"

L'état d'urgence en vigueur depuis les attentats de novembre 2015 sera levé "à l'automne". "Je rétablirai les libertés des Français en levant l'état d'urgence à l'automne, parce que ces libertés sont la condition de l'existence d'une démocratie forte", a déclaré le chef de l'État, tout en ajoutant que le Parlement serait appelé à voter des mesures nouvelles pour lutter contre le terrorisme.

Emmanuel Macron a ainsi promis des "mesures renforcées" pour la lutte antiterroriste, qui seront placées "sous la surveillance du juge judiciaire, dans le respect intégral et permanent de nos exigences constitutionnelles et de nos traditions de liberté" a déclaré le chef de l'État, en guise de réponse aux nombreux défenseurs des libertés, inquiets des pouvoirs accrus de la justice administrative.

État d'urgence, droit d'asile, assistanat, Europe... les réformes annoncées par Macron

Pour une partie des magistrats et défenseurs des libertés publiques, les mesures de la première loi antiterroriste du quinquennat, dont certains points avaient fuités dans Le Monde début juin, reviennent à inscrire l'état d'urgent de façon permanente dans le droit commun.

  • Social : ne pas "transformer" les plus faibles "en assistés permanents de l'État"

Emmanuel Macron a estimé que l'État, en protégeant les plus faibles, ne devait pas les transformer "en mineurs incapables" ou "en assistés permanents", et a appelé à se "désintoxiquer de l'interventionnisme public".

"Il faut bien entendu reconnaître la part essentielle de nos services publics et de tous nos fonctionnaires, qui jour et nuit, sans compter leur énergie, fondent justement cette force", a souligné le chef de l'État. "Mais protéger les plus faibles, ce n'est pas les transformer en mineurs incapables, en assistés permanents de l'État", a-t-il ajouté.

Le président, désireux de "tout faire" pour rendre aux Français l'"autonomie" qu'on leur a "confisquée", a dit souhaiter leur redonner "les moyens de peser efficacement sur leur destin". "Nous devons substituer à l'idée d'aide sociale, à la charité publique, aux dispositifs parcellaires, une vraie politique de l'inclusion de tous", a insisté le chef de l'État, appelant à revoir le rôle de l'État vis-à-vis des citoyens.

"Les Français sont assez intelligents pour faire leur chemin tout seuls. Ce ne sont pas les Français qu'il faudrait désintoxiquer de l'interventionnisme public, c'est l'État lui-même", a-t-il conclu.

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  • Immigration : réforme du système d’asile et "lutte contre les trafics"

Emmanuel Macron a annoncé qu’il souhaitait voir "réformer en profondeur" le système de l'asile, qu’il a jugé "débordé de toutes parts". L’idée étant, selon lui de cibler à un "traitement humain et juste" des demandes des futurs réfugiés.

"Nous ne pouvons pas continuer d'affirmer hautement notre attachement aux principes de l'asile, tout en nous abstenant de réformer en profondeur" ce système qui, "débordé de toutes parts, ne permet pas un traitement humain et juste des demandes de protection" émanant "d'hommes et de femmes menacés par la guerre et la persécution", a affirmé le président de la République.

Le chef de l’État a plaidé pour "une politique de contrôle et de lutte contre les trafics de personnes", afin de "mieux endiguer" les "grandes migrations", tout en appelant à "accueillir les réfugiés politiques courant un risque réel".

Nous devons "mieux prévenir" ces déplacements "par une politique de sécurité et de développement ambitieux dans toutes les zones de fragilité et de conflit", a également déclaré le président de la République dans un discours devant le Congrès, plaidant pour "une action efficace et humaine" coordonnée en Europe.

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  • Europe : des "conventions démocratiques" pour les pays membres

Le président français a souhaité que des "conventions démocratiques" soient lancées dans tous les pays européens d’ici la fin de l’année pour travailler à la réforme de l’Europe. Ces conventions ne seront toutefois pas une obligation pour les pays membres de l’Union européenne. "Libre à chacun ensuite d’y souscrire ou non" a précisé le président. "Mais le temps n’est plus aux raccommodages", a-t-il prévenu.

Le chef de l'État avait proposé cette idée pendant la campagne électorale, au cours de laquelle il a défendu l'idée européenne, attaquée par plusieurs de ses concurrents. "Nous avons besoin d’une Europe plus forte et refondée", a-t-il répété devant le Congrès de Versailles, évoquant le travail franco-allemand visant à établir une feuille de route de réforme de l'Union européenne et de la zone euro.

Emmanuel Macron a jugé en outre que la construction européenne avait été "fragilisée par la prolifération bureaucratique". "Je vous propose de reprendre de la hauteur, de sortir de la tyrannie des agendas et des calendriers et des méandres de la technique", a-t-il ajouté, souhaitant "reprendre l'Europe à son début" et "faire revivre le désir d'Europe".

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Avec AFP et Reuters