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Un pèlerinage chiite à valeur de test pour les forces de sécurité

À Bagdad, des centaines de milliers de chiites ont participé sans incident au pèlerinage au mausolée de l'imam Moussa al-Khadim, en quartier sunnite. Ce pèlerinage était le premier organisé depuis le retrait des villes des Américains.

AFP - Des centaines de milliers de chiites irakiens ont participé samedi sans incident à un pèlerinage à Bagdad considéré comme un test majeur pour les forces de sécurité après le retrait américain des villes.

Ce pèlerinage, qui célèbre la mort de l'imam Moussa Kazim, était le premier organisé dans la capitale depuis le 30 juin, date du transfert de la sécurité des agglomérations aux militaires et policiers irakiens.

Il constitue au final le premier rassemblement religieux de cette taille à se dérouler sans attentat, depuis l'invasion américaine de l'Irak en 2003 et la reprise des pèlerinages chiites jadis interdits par Saddam Hussein.

"Les forces de sécurité ont accompli leur mission de protéger des millions de citoyens qui ont participé aux commémorations de l'imam Moussa Kazim", s'est félicité le bureau du Premier ministre Nouri al-Maliki dans un communiqué publié en soirée, au moment où s'achevait le pèlerinage.

"Cette réussite est importante car elle représente le premier test pour nos forces de sécurité depuis qu'elles assument la responsabilité totale de la sécurité dans les villes", a-t-il insisté, assurant qu'il n'existait "plus aucun doute sur la capacité" des forces irakiennes à assurer cette sécurité.

Dans la journée, une marée humaine avait continué d'affluer au mausolée. Des groupes de fidèles se frappaient la poitrine en rythme tandis que d'autres brandissaient des étendards noirs barrés du nom de l'imam.

Autour du mausolée, dans le quartier de Kazimiyah (nord de Bagdad), les forces de sécurité étaient présentes en masse, selon un correspondant de l'AFP, alors que des hélicoptères de l'armée irakienne survolaient la zone.

"Le pèlerinage se passe de façon excellente en raison d'une bonne sécurité, de la discipline des pèlerins et de l'organisation des services qui leur sont apportés", avait affirmé à l'AFP le responsable du mausolée de l'imam Kazim, Fadel al-Anbari.

Moussa Kazim, le septième des douze imams vénérés par les chiites, a été empoisonné en prison sur ordre du calife abbasside Haroun al-Rachid à la fin du VIIIe siècle, selon la tradition chiite.

"Les mesures de sécurité sont très bonnes. Des millions de visiteurs sont présents et jusqu'à présent il n'y pas eu d'incident", avait ajouté un officier de police sous couvert de l'anonymat.

Adnane Abou Hussein, un pèlerin de 41 ans originaire de Babylone, effectuait pour la première fois le voyage, profitant de l'amélioration de la sécurité dans le pays, où les attentats sont encore fréquents mais moins meurtriers.

"Les années précédentes, les violences étaient importantes et nous empêchaient de venir visiter le mausolée. Mais cette année, la sécurité s'est améliorée, il n'y a pas eu d'incidents ce qui nous a permis de venir pour la première fois avec mes amis", a-t-il expliqué, assis sur un trottoir, et entouré de sa femme et de ses enfants.

"Depuis la chute du régime (de Saddam Hussein en 2003), je viens toutes les années. Je suis partie de chez moi hier (vendredi) soir et je suis arrivée ce matin avec mes voisins. Je remercie Dieu car la visite se déroule très bien", a ajouté Ahlam al-Nidawi, 25 ans, originaire de Sadr City, à Bagdad.

Vendredi, toutefois, trois pèlerins ont été tués et près de 40 blessés dans des attentats à la bombe à Bagdad et au sud de la capitale.

Le retrait des forces américaines des villes irakiennes entre dans le cadre de l'accord de sécurité signé fin novembre entre les gouvernements irakien et américain. Cet accord prévoit un retrait des troupes de combat d'Irak en août 2010 puis un désengagement total fin 2011.