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Les États-Unis accusent une petite banque chinoise d'avoir aidé le programme nucléaire nord-coréen

La banque chinoise Bank of Dandong a été accusée par Washington d'être l'un des principaux vecteur utilisé par la Corée du Nord pour financer son programme nucléaire et de missile.

Le secrétaire américain au Trésor Steve Mnuchin a pointé un doigt rageur, jeudi 29 juin, vers une petite banque régionale chinoise, accusée d'être utilisée par la Corée du Nord pour financer illégalement son programme d'armes de destruction massive.

La Bank of Dandong, située dans la ville frontalière éponyme en Chine, n'a dorénavant plus le droit d'accéder au système financier américain (emprunter de l'argent aux États-Unis, faire transiter de l'argent par des banques américaines). C'est la première fois qu'une institution financière chinoise subit le courroux américain pour des activités liées à la Corée du Nord.

148e banque chinoise

L'acte d'accusation établi par Washington conclut qu'au moins 17 % des 786 millions de dollars des transactions bancaires étudiées entre 2012 et 2015 avaient fini entre les mains du régime de Pyongyang pour financer son programme nucléaire et la construction de missiles balistiques. La Bank of Dandong est ainsi désignée comme l'un des principaux moyens pour la Corée du Nord d'obtenir illégalement des fonds, les sanctions internationales lui interdisant d'avoir accès aux marchés financiers.

Une conclusion surprenante, puisque le poids de la Bank of Dandong sur la scène chinoise comme internationale est, en effet, très secondaire. Elle est la 148e banque la plus importante sur 196 en Chine, et détient 10,7 milliards de dollars d'actifs. Une somme des plus modestes comparée au 2 000 milliards de dollars du système bancaire chinois.

Elle sert principalement de banque de dépôt pour les habitants et commerces de la ville de Dandong, qui compte près de 900 000 personnes. Mais les autorités américaines ont découvert qu'entre l'épicerie du coin et le jeune cadre dynamique local, se trouvaient plusieurs entreprises nord-coréennes déjà inscrites sur la liste noire américaine des entités soupçonnées de participer aux programmes d'armement nord-coréen.

Courroux chinois

Steve Mnuchin a tenu à préciser, lors de son annonce, que cette décision ne visait "en aucune façon la Chine". Pékin ne s'est pas laissé attendrir par ce ton conciliant. "Nous espérons que les États-Unis pourront corriger leurs actions erronées pour ramener les relations sino-américaines sur la voie correcte d'un développement solide et stable", a affirmé vendredi 30 juin Lu Kang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

La Chine est d'autant plus irritée que la sanction américaine contre la Bank of Dandong n'est pas un acte isolé. L'administration de Donald Trump a également approuvé, le même jour, un contrat de vente d'armes de 1,4 milliard de dollars avec Taïwan, que Pékin considère comme une de ses provinces légitimes.

Pour la Chine, c'est une double douche froide, puisque le président américain s'était montré jusque-là beaucoup plus conciliant avec Pékin que ne l'avaient laissé prévoir ses déclarations intempestives pendant la campagne électorale. Il avait justifié cette attitude par la volonté de travailler avec les autorités chinoises pour augmenter la pression sur la Corée du Nord, qui a réitéré à plusieurs reprises ses ambitions nucléaires ces derniers mois. Mais Washington a jugé que le dossier nord-coréen n'avançait pas suffisamment vite et qu'il était temps de passer à une diplomatie plus musclée.