logo

La pensée de Macron "trop complexe" pour l'interview du 14 juillet, selon son entourage

Emmanuel Macron va rompre avec la traditionnelle interview télévisée du 14 juillet pour instaurer un autre rituel : la convocation à Versailles du Congrès. Un choix très "jupitérien", vivement critiqué par l'opposition.

C'est la fin d'une tradition mise en place par Valéry Giscard d'Estaing dans les années 1970 : le président Macron ne donnera pas d'interview télévisée le 14 juillet, jour de fête nationale. Le président aurait une pensée "trop complexe" pour les questions des journalistes, a commenté son entourage au journal Le Monde.

"Je peux pas répondre à vos questions, ma pensée est trop complexe" élu meilleure excuse de l'année https://t.co/qP9GtY2ayn pic.twitter.com/sz306BtH33

— Vivien Vergnaud (@Vergnaud) 29 juin 2017

Il n'y aura pas d'interview du 14 juillet cette année, mais pas dans les années à venir non plus. Emmanuel Macron a, en effet, décidé d'instaurer un autre rituel annuel : la convocation du Congrès. Lundi 2 juillet, il s'exprimera ainsi devant le Parlement à Versailles pour exposer les grandes orientations de son quinquennat, la veille de la déclaration de politique générale de son Premier ministre Édouard Philippe, lui grillant la politesse.

Depuis la révision constitutionnelle de 2008, le président de la République peut s'adresser au Parlement réuni en Congrès à Versailles. Nicolas Sarkozy avait usé de cette prérogative en 2009, de même que François Hollande en novembre 2015, après les attentats de Paris et Saint-Denis, mais tous deux n'y avaient eu recours qu'une fois et pas en début de mandat. Ce format solennel et exceptionnel, Emmanuel Macron entend, lui, le répéter chaque année.

"Pharaonique", "impérial", "monarchique", raille l'opposition

Ce choix est vivement critiqué par l'opposition. Les députés de La France insoumise et l'ensemble des parlementaires communistes boycotteront ce rendez-vous. "Nous n'irons pas à Versailles adouber le monarque présidentiel" et "valider le court-circuit du travail de l'Assemblée", ont fait valoir les élus PCF. Lors d'un point de presse au Palais Bourbon, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé un "franchissement de seuil dans la dimension pharaonique de la monarchie présidentielle". "Nous ne sommes pas dans un régime impérial où il s'agirait d'aller applaudir le nouveau prince qui s'exprimerait devant nous en toute irresponsabilité", s'est insurgé le député LR Guillaume Larrivé sur RFI tandis que le député PS du Val-de-Marne, Luc Carvounas jugeait : "Ca va commencer à se voir que ça n'a rien de moderne, qu'on est plutôt dans un pouvoir très centralisateur, c'est les institutions qui font ça".

Pendant la campagne, Emmanuel Macron disait aspirer à être un président "jupitérien". C'est ce qu'il semble mettre en pratique en convoquant le Congrès et en reléguant son Premier Ministre au second plan mais aussi en encadrant étroitement ses ministres et son parti et en étendant son pouvoir à l'Assemblée. Un "jupitérisme" qui passe aussi par un décorum : après la victoire célébrée devant la pyramide du Louvre, il cultivera de nouveau, lundi, devant le Congrès à Versailles, l'aspect cérémonial. 

La rupture avec la tradition de l'interview du 14 juillet signe aussi une autre façon de communiquer : très verrouillée, avec des journalistes maintenus à distance. De l'anti-Hollande en somme. "Quand on préside, on n'est pas le copain des journalistes", avait d'ailleurs taclé le candidat Macron à son sujet. Sans être "le copain des journalistes", en dérogeant au rituel de l'interview, Emmanuel Macron franchit un cap.

Avec AFP