Au menu de cette revue de presse française du jeudi 29 juin : la décision d’Emmanuel Macron de convoquer le Congrès la veille du discours de politique générale du Premier ministre, les réactions syndicales à la réforme du Code du travail, et la défiance de la presse de gauche.
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Au menu de cette revue de presse française, ce matin, la décision d’Emmanuel Macron de s’exprimer devant le Congrès lundi prochain, à la veille du discours de politique générale du Premier ministre à l’Assemblée nationale.
Selon l’Élysée, cité par Le Figaro, la convocation des députés et des sénateurs à Versailles répond à l’engagement pris par Emmanuel Macron de s’exprimer une fois par an devant le Parlement réuni en Congrès, et a pour but d’expliquer «dans quel monde on vit, ce que sont les défis d’un pays au début du XXIe siècle, et le fonctionnement des institutions» françaises. Nullement de «griller la politesse» ou de «couper l’herbe sous le pied» à Édouard Philippe, dont le discours de politique générale vise pourtant surtout à raffermir sa propre autorité sur les parlementaires. «C’est sa griffe, commente Le Figaro. Emmanuel Macron ne fait rien comme tout le monde, ou du moins il prend un malin plaisir à rompre avec les pratiques classiques de la vie politique, à oser ce que l’on croit impensable. Mais il n’empêche : toutes les justifications données n’empêcheront pas le discours de Macron d’occulter ou de rabaisser celui de Philippe le lendemain. Ce faisant, Emmanuel Macron oblige à une articulation nouvelle des rôles de chef de l’État et de chef du gouvernement, c’est une véritable révolution institutionnelle qu’il impose». «Emmanuel Macron a raison de parler aux Français», applaudissent Les Échos, pour qui «le moment est venu de passer du discours de candidat à celui de président». «Le chef de l’État ne s’est pas adressé à ses concitoyens depuis le 7 mai et la succession – réussie – d’images ou d’interventions à l’international ne suffit pas tout à fait à lancer le quinquennat».
À l’Assemblée nationale, la convocation du Congrès suscite quelques remous. «La monarchie jupitérienne, très peu pour eux» : d’après le Huffington Post, plusieurs députés de l’opposition ont laissé éclater leur mauvaise humeur, certains affirmant qu’ils n’iront pas au rendez-vous, dont le président de l’UDI, qui a critiqué «un exercice inutile et qui coûte cher», une «première erreur politique» revenant à «squeezer» Édouard Philippe. Le patron du groupe socialiste, Olivier Faure, a quant à lui moqué un Premier ministre «condamné à jouer les répétiteurs » et évoqué un «retour du pouvoir personnel ». Personnel, vous avez dit personnel? Cinq jours après la convocation du Congrès se tiendra, à Paris, la convention pour définir les statuts de la République en marche. But de la manœuvre : «tailler un parti sur mesure» pour Emmanuel Macron, lui assurer «un soutien populaire » et éviter «l’émergence d’un rival», dixit L’Opinion, où le dessin de Kak détourne une vieille publicité de Pathé-Macroni, devenu Pathé-Macronie. L a République en marche succède au chien Nipper, qui aboyait lorsqu’il entendait la voix de son maître dans le gramophone.
Peu de remous, pour le moment, face à la réforme du Code du travail. D’après Les Échos, les syndicats ont réservé «un meilleur accueil qu’attendu» aux propositions dévoilées hier par le gouvernement. Dans Le Monde, le secrétaire général de FO évoque une concertation qui «va dans le bon sens», et des discussions «sur le fond» avec le ministère du Travail. «Tous les sujets sont sur la table, et il n’y a pas de faux-fuyants», assure Jean-Claude Mailly, qui dit aussi rester sur ses gardes, tandis que son camarade de la CFDT, Laurent Berger, se montre tout aussi circonspect : «Nous jugerons sur pièces à la fin du processus», annonce-t-il dans Le Figaro. «Nous ne sommes ni dans la confiance absolue, ni dans la défiance généralisée». La CGT, quant à elle, fait monter la pression, selon L’Opinion, qui rapporte que la confédération prépare déjà ses armes en vue de la journée de mobilisation prévue à la rentrée, le 12 septembre.
La réforme du Code du travail ne convainc ni Libération, ni L’Humanité. Alors que le projet du gouvernement se précise, avec notamment la volonté de déréglementer les CDD (contrats à durée déterminée), ou encore de développer les «contrats de chantiers», assimilés à des «similis CDD déguisés en CDI» (contrat à durée indéterminé), Libé dit s’inquiéter d’une évolution «à la fois coûteuse pour l’assurance-chômage, et source d’insécurité pour les salariés». Au bout de la réforme, «la précarité pour tous?», s’interroge le journal, tandis que L’Humanité accuse Emmanuel Macron de «cibler le travail» tout en laissant prospérer les grandes fortunes françaises. L’Huma cite le classement des Français les plus riches, publié cette semaine par le magazine Challenges, qui porte cette année le patron de LVMH, Bernard Arnault, à la première place, avec un patrimoine estimé à près de 47 milliards d’euros. Et le journal accuse «les Pinocchio de l’ultralibéralisme» de présenter le coût du travail comme étant le principal problème de la France pour justifier, en réalité, «l’anéantissement» des conquêtes sociales. «La «nation start-up» voulue par Macron est le rêve éphémère du «nouveau capitalisme européen» qu’il appelle de ses vœux », assure L’Huma, en évoquant «un cauchemar pour les 8,5 millions de pauvres», ainsi que les salariés, les chômeurs et les retraités, à qui l’on «n’oubliera pas de faire payer l’addition».
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