
La cour d'appel de La Haye a confirmé mardi une décision de justice de 2014 selon laquelle l'État néerlandais est partiellement responsable du massacre, en 1995, de 300 musulmans de Bosnie, à Srebrenica.
Une cour d'appel néerlandaise a confirmé, mardi 27 juin, que les Pays-Bas étaient pour partie responsables de la mort de quelque 300 musulmans de Bosnie en 1995. Ces derniers avaient été expulsés d'une base néerlandaise vers le secteur de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, tout juste conquis par les troupes bosno-serbes.
L'arrêt de la Cour d'appel de La Haye confirme une décision rendue en 2014, à savoir que les soldats de maintien de la paix néerlandais auraient dû savoir que les musulmans cherchant refuge dans leur base, dans la localité de Potocari, seraient assassinés par les troupes bosno-serbes si on les expulsait, ce qui a été le cas.
"La Cour juge que l'État néerlandais a agi illégalement" et "condamne l'État à verser une compensation partielle" aux familles des victimes, a déclaré la juge Gepke Dulek Les Casques bleus néerlandais ont "facilité la séparation des hommes et des garçons musulmans tout en sachant qu'il y avait un risque réel qu'ils subissent un traitement inhumain ou qu'ils soient exécutés par les Serbes de Bosnie", a-t-elle expliqué.
Hommes et garçons séparés
Environ 8 000 hommes et garçons musulmans ont perdu la vie en 1995 lors du génocide de Srebrenica, théâtre des pires atrocités commises en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Les troupes néerlandaises, connues sous le nom de "Dutchbat", retranchées dans leur base, avaient recueilli des milliers de réfugiés dans l'enclave des Nations unies. Mais, submergées, elles avaient d'abord fermé les portes aux nouveaux arrivants, puis permis aux Serbes de Bosnie d'évacuer les réfugiés. Les hommes et les garçons avaient alors été séparés et mis dans des bus.
"Dutchbat aurait dû prévenir ces hommes des risques qu'ils couraient et aurait dû leur laisser le choix de rester dans l'enclave pendant que leur famille était évacuée", a poursuivi la juge.
"Mission irréaliste"
Toutefois, la Cour d'appel condamne l'État néerlandais à verser seulement 30 % des dommages et intérêts réclamés par les familles des victimes car elle "n'est pas certaine que ces personnes n'auraient pas été tuées plus tard même si elles étaient restées dans l'enclave."
Aux Pays-Bas, le rôle des anciens Casques bleus néerlandais continue de susciter la controverse. Plus de 200 d'entre-eux demandent également des dommages et intérêts au gouvernement pour les avoir envoyé à Srebrenica remplir "une mission irréaliste, dans des circonstances impossibles", selon les mots prononcés l'année dernière par Jeanine Hennis-Plasschaert, ministre de la Défense.
Avec AFP et Reuters