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Violences dans le Kasaï : l'ONU envoie une mission d'experts

Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a adopté une résolution prévoyant l'envoi d'un groupe d'"experts internationaux" chargés d'enquêter sur les graves violences dans le Kasaï, région du centre de la République démocratique du Congo.

Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a décidé vendredi 23 juin d'envoyer un groupe d'experts internationaux enquêter sur les massacres et autres crimes commis dans la région du Kasaï, dans le centre de la République démocratique du Congo.

Les 47 membres du Conseil de Genève ont adopté par consensus une résolution présentée par plusieurs États africains qui demande au gouvernement de Kinshasa de coopérer avec une équipe d'enquêteurs internationaux, qui devront veiller à ce que "les auteurs des crimes" soient jugés par la justice congolaise.

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Zeid Ra'ad Al Hussein, l'Union européenne et les États-Unis souhaitaient initialement créer une véritable "mission internationale indépendante". Mais Kinshasa y étant fermement opposé, les pays occidentaux ont préféré trouver un compromis avec les pays africains. "Mieux vaut une solution d'équilibre avec la participation du pays", a expliqué à l'AFP une source occidentale.

"Le texte ne convient pas parfaitement" pour les Congolais

S'exprimant devant le Conseil, l'ambassadeur congolais, Zenon Mukongo Ngay, a relevé que son gouvernement "accepte d'accueillir sur son sol une équipe d'enquêteurs dans le but de faire la lumière sur les atrocités du Kasaï, mais que cet appui sera technique ou logistique". "La justice congolaise gardera le leadership de ces enquêtes comme cela a été souligné dans le courrier adressé au Haut-Commissaire le 9 juin dernier".

"À l'issue de ces enquêtes conjointes, la justice congolaise jugera les présumés coupables", a-t-il ajouté, indiquant qu'il était favorable à la résolution bien que "le texte ne convienne pas parfaitement".

"Cette résolution risque de ne pas suffire à empêcher les massacres"

De son côté, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a estimé que cette résolution est loin de répondre aux attentes des organisations de la société civile. “Cette résolution risque de ne pas suffire à empêcher les massacres. Seule une enquête vraiment indépendante permettra d'enrayer le cycle de violences dans le Kasaï, en identifiant ses auteurs et responsables. La bonne foi du président Kabila sera toutefois mesurée à l’aune de sa coopération avec la mission d’experts envoyée ” a déclaré dans un communiqué Paul Nsapu, secrétaire général adjoint à la FIDH.

Depuis septembre 2016, le Kasaï est secoué par la rébellion de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août dernier au cours d'une opération militaire après s'être révolté contre le pouvoir de Kinshasa. Selon l'Église catholique de RDC, qui s'appuie sur les chiffres fournis par ses paroisses, les affrontements ont fait au moins 3 383 morts depuis octobre.

Deux experts de l'ONU, la Suédo-chilienne Zaida Catalan et l'Américain Michael Sharp, ont été assassinés en mars dans le Kasaï dans des circonstances non élucidées. Ils faisaient partie d'un groupe d'experts qui enquêtaient sur les fosses communes découvertes dans la région.

Avec AFP et Reuters