Les forces de sécurité pakistanaises affirment avoir arrêté plusieurs membres d'une organisation caritative considérée comme l'aile politique des islamistes du Lashkar-e-Taïba, suspect numéro 1 dans les attentats de Bombay.
Retrouvez l'enquête des Observateurs de FRANCE 24 : "Attentats de Bombay : pourquoi l'Inde s'en prend au Pakistan".
FRANCE 24 (avec AFP) - Quinze membres d'une organisation caritative proche des islamistes du mouvement Lashkar-e-Taïba, suspect numéro 1 pour l'Inde dans les attaques de Bombay, ont été arrêtés dimanche au Pakistan, ont indiqué lundi des responsables de la sécurité.
Dans la banlieue de Muzaffarabad, la capitale de la partie du Cachemire administrée par le Pakistan, "les forces de sécurité ont mené hier soir (dimanche soir) un raid contre un camp de la fondation Jamaat-ud-Dawa" considérée comme la branche politique du Lashkar-e-Taïba, a expliqué un responsable des services de sécurité.
Un haut responsable des servicespakistanais de renseignement avait auparavant annoncé cette opération, mais parlant de l'arrestation de seulement trois personnes.
L'Inde affirme que les dix membres du commando qui ont tenu tête trois jours durant à l'armée et la police à Bombay il y a dix jours, dans des attaques coordonnées qui ont fait 163 morts, venaient du Pakistan et appartenaient au Lashkar-e-Taïba.
Ce mouvement pakistanais est très actif dans la partie du Cachemire administrée par l'Inde et assure lutter pour son indépendance et pour défendre la minorité musulmane, "persécutée" selon eux en Inde.
Le gouvernement pakistanais promet depuis la fin des attaques que si l'Inde démontre que les assaillants sont venus du Pakistan, il fera tout ce qui est en son pouvoir pour arrêter et juger les organisateurs des attaques de Bombay. Neuf des dix membres du commando ont été tués à Bombay, le dernier a été capturé.
L'Inde et le Pakistan, deux puissances militaires nucléaires voisines, se sont déjà affrontés dans trois guerres depuis leur création en 1947, dont deux à cause du Cachemire qu'ils se disputent.
New Delhi accuse quasi-systématiquement le Pakistan à chaque attentat sur son territoire, en particulier les puissants services de renseignements pakistanais qui, selon New Delhi, soutiennent et utilisent les nombreux groupes islamistes qui s'attaquent à l'Inde.
Après les attaques de Bombay, le gouvernement indien a sommé le Pakistan de lui livrer une vingtaine de suspects qui figuraient déjà sur une liste remise fin 2001, après l'attaque du Parlement à New Delhi (10 morts), attribué également par l'Inde au Lashkar-e-Taïba entre autres.
Le Lashkar a été interdit en 2002 mais la fondation Jamaat-ud-Dawa, qui oeuvre véritablement sur le terrain pour les déshérités au Cachemire, notamment depuis le séisme dévastateur de 2005, est considérée comme son aile politique et est dirigée par le fondateur du Lashkar, Hafiz Saeed.
Les trois personnes arrêtées dimanche sont "des employés locaux de la Jamaat-ud-Dawa, mais pas des hauts responsables, a indiqué à l'AFP un autre haut responsable des forces de sécurité pakistanaises, sous couvert de l'anonymat.
Plusieurs hauts responsables du gouvernement et de l'armée, interrogés par l'AFP, n'ont ni confirmé, ni démenti ces arrestations.