
Il existe une règle vestimentaire implicite et discriminante dans le monde du travail : les hommes ne peuvent pas porter de shorts au bureau. Mais la résistance s'organise et certains piochent dans le placard des femmes quand il fait trop chaud.
On dénonce souvent les dress codes exigeants et sexistes envers les femmes dans certains milieux professionnels, comme l'obligation de porter des talons. Mais quand la canicule frappe, les hommes font à leur tour face à une interdiction discriminante et peu confortable : les bermudas et les shorts sont proscrits sur la plupart des lieux de travail.
Et si l'égalité hommes-femmes c'était aussi permettre à ces messieurs de travailler en short quand nous avons droit aux robes et aux jupes ?
— Silly Wagnol (@SophieGB) 19 juin 2017
Alors que les tenues courtes – robes, jupes et shorts – ne sont pas interdites aux femmes. Pour ces messieurs, quand il fait 35°C sans un souffle de vent, couvrir leurs jambes devient rapidement un calvaire. Pour contourner l'interdiction et exercer leur profession sans subir la chaleur étouffante de ces derniers jours, des hommes ont donc décidé de respecter le dress code... des femmes.
Canicule : les conducteurs @CfdtSemitan ne peuvent porter de bermuda, alors ils protestent en jupe [VIDEO] #nantes https://t.co/P3ktj8FQ6x pic.twitter.com/9VVo5OFjVQ
— Virginie Meillerais (@VMeillerais) 20 juin 2017
Plusieurs conducteurs de tramway et de bus de la ville de Nantes sont ainsi arrivés au boulot vêtus de jupes, mardi 20 mai, pour protester contre cette interdiction jugée absurde. "La jupe fait partie de la dotation vestimentaire de nos collègues femmes et nous n’avons pas d’équivalent", explique à 20 Minutes Gabriel Magner, représentant CFDT. Depuis 2013, le syndicat encourage l'entreprise à autoriser le port de bermudas au-delà d'une certaine chaleur, par exemple 30°C. "Mais la Semitan [L'entreprise gérant les transports nantais, ndlr] semble vouloir garder une image de marque…"
Comme le précisent les conducteurs, la température peut rapidement monter à 50°C dans la cabine du chauffeur. Une chaleur insupportable en pantalon.
Cette initiative s'inspire d'une action menée par des conducteurs suédois en 2013, qui avaient porté des jupes au travail pour revendiquer le droit au short et au bermuda. Ils avaient obtenu gain de cause de la part de leur employeur.
Porter la robe is the new révolution
Au Royaume-Uni, en début de semaine, un homme a aussi porté cette revendication, seul cette fois. Renvoyé chez lui pour se changer après être arrivé en short dans le call center où il travaillait, il a donc enfilé une robe – l'histoire ne dit pas à qui elle appartient, mais elle est de toute beauté – et est reparti confronter ses employeurs.
What looks better pic.twitter.com/aj7S4sPrtJ
— joey (@jBarge_) 19 juin 2017
See you soon, twitter. I'll be sent home soon. pic.twitter.com/XfFyxDeBAK
— joey (@jBarge_) 19 juin 2017
Et... Victoire ! Peu après avoir débarqué sur son lieu de travail en robe, il a reçu un courrier de sa direction autorisant, "pour la période de chaleur", les hommes de l'entreprise à porter des shorts, mais uniquement de couleur noire, bleu marine ou beige avec une longueur 3/4. On est loin de la révolution du dress code espérée, mais c'est déjà ça.
Partial win? pic.twitter.com/SKh1WcbcR4
— joey (@jBarge_) 19 juin 2017
Inconfort et discrimination
Ces deux histoires soulèvent le débat des tenues vestimentaires dans le monde du travail. Les femmes ressentent parfois les règles vestimentaires comme une restriction de leurs libertés – ou pire, comme une obligation à être féminines, élégantes. Mais de l'autre côté du miroir, les hommes aussi font face à des interdictions qui gênent leur confort physique au travail, sans aucune justification.
La tenue vestimentaire ne dit rien du professionnalisme de l'employé(e), alors quel est le problème ?
En 2017, soyons honnêtes, qui est encore choqué de voir un homme en bermuda ? Cette tenue ne dit rien du professionnalisme et du respect de l'employé en question, alors quel est le problème ? Un conducteur de bus en short conduira tout aussi bien, tout comme une serveuse de restaurant en chaussures plates gèrera tout aussi bien votre commande – et même mieux, car les deux auront enfin droit à une tenue confortable pour exercer leur fonction.
Finalement, comme le souligne cet internaute, les restrictions vestimentaires en fonction du sexe portent toujours atteinte soit au bien-être, soit à la liberté de quelqu'un.
Alors plutôt que de forcer les hommes à enfiler robes et jupes pour pouvoir respirer au travail, ne serait-il pas plus sage de les autoriser simplement à sortir leurs plus beaux shorts de l'armoire quand il fait chaud ? Du côté des politiques, tout le monde n'est pas contre.
Dès lors qu'un département est en alerte canicule on devrait accepter les hommes en bermuda et sans cravate.#adaptatation #GlobalWarming
— laurence rossignol (@laurossignol) 21 juin 2017
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