L’ONU accuse les autorités de la République démocratique du Congo d'armer une milice qui s’en prend aux civils du Kasaï, une région du centre de la RDC en proie à des troubles.
Devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU réuni à Genève mardi 20 juin, le Haut-commissaire aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, s’en est pris aux autorités de la République démocratique du Congo. Il les accuse d'armer une milice menant d'"horribles attaques" contre les civils dans le Kasaï, une région du centre de la RDC en proie à un violent conflit.
"Je suis consterné par la création et l'armement d'une milice, Bana Mura - qui soutiendrait les autorités dans la lutte" contre la rébellion Kamwina Nsapu, "mais qui a mené des attaques horribles contre des civils des groupes ethniques luba et lulua", a déclaré Zeid Ra'ad Al Hussein.
L’opposant congolais Moïse Katumbi, qui après un an d'exil a annoncé le 16 juin son intention de retourner à Kinshasa a réagi sur Twitter en appelant les pays africains à "répondre à l'appel des Congolais et soutenir l'enquête de l'ONU". "Les tueries doivent cesser", estime-t-il.
Nous demandons aux pays africains de répondre à l'appel des Congolais & soutenir l'enquête #ONU sur le #Kasaï. Les tueries doivent cesser.
— Moise Katumbi (@moise_katumbi) 20 juin 2017La déclaration de l'ONU intervient alors qu’un document de la Nonciature apostolique en RDC, c'est-à-dire la représentation officielle du Vatican dans le pays, fait état de 3 000 personnes tuées depuis octobre 2016 dans le Kasaï. La note technique évoque le chiffre de 3 383 "décès signalés" depuis octobre dans la région, alors que l'ONU avançait jusqu'à présent un bilan estimé à "plus de 400 morts".
Selon cette note datée du 19 juin, plusieurs structures ecclésiastiques sont endommagées ou fermées, notamment 60 paroisses, 34 maisons religieuses, 31 centres de santé catholiques, 141 écoles catholiques, cinq séminaires et un évêché détruit. La note indique aussi que 20 villages ont été "complètement détruits" dont "10 par les Fardc (armée congolaise), 4 par les miliciens, 6 par des auteurs inconnus". Elle mentionne aussi 30 fosses communes. L'ONU parle de son côté de 42 fosses communes.
#RDC #Kasai: document de travail nonciature qui parle de 4000 maisons détruites, 60 paroisses et 141 écoles endommagées et fermées pic.twitter.com/QtkQjYQGsp
— Sonia Rolley (@soniarolley) 20 juin 2017Depuis septembre 2016, la région du Kasaï, dans le centre de la RDC, est secouée par la rébellion de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août dernier lors d'une opération militaire après s'être révolté contre le pouvoir de Kinshasa.
Les violences qui impliquent miliciens, soldats et policiers au Kasaï ont causé le déplacement de 1,3 million de personnes. Deux experts onusiens, missionnés par le secrétaire général de l'ONU pour enquêter sur ces violences, y ont été tués en mars. L'ONU accuse les rebelles Kamwina Nsapu d'enrôler des enfants-soldats et d'avoir commis des atrocités, tout en dénonçant l'usage disproportionné de la force par l'armée congolaise.
Avec AFP