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Le premier round des négociations sur le Brexit s'ouvre à Bruxelles

Un an après le référendum britannique, les négociations du Brexit démarrent officiellement lundi à Bruxelles, où les Européens craignent que la fragilité du gouvernement de Theresa May ne complique ces tractations historiques.

C'est le jour J à Bruxelles. Lundi 19 juin, près d'un an après le référendum sur le Brexit, l'Union européenne (UE) et le Royaume-Uni lancent les négociations destinées à définir les modalités du divorce.

"C'est le début de négociations qui vont façonner le futur de l'UE et du Royaume-Uni", a déclaré le ministre britannique du Brexit, David Davis, qui retrouvera à Bruxelles le négociateur en chef pour la Commission européenne, Michel Barnier, pour démarrer ces discussions vers 11 h (9 h GMT). "La route est encore longue, mais notre destination est claire : un partenariat profond et spécial entre le Royaume-Uni et l'UE, un accord comme aucun autre dans l'Histoire", a ajouté le ministre, fervent défenseur du divorce depuis la campagne référendaire de 2016.

Mais la réunion de lundi ne devrait pas aborder ces lointaines perspectives. Elle sera d'abord consacrée à l'organisation pratique des négociations complexes d'un "retrait en bon ordre" du Royaume-Uni, prévu fin mars 2019, après plus de 40 ans d'une adhésion tumultueuse à l'UE.

Surtout, le menu déclinera les trois dossiers que les 27 pays restant dans l'UE ont définis comme prioritaires avant d’entamer un débat sur l’avenir : le sort des expatriés européens au Royaume-Uni et des Britanniques dans l'UE, l'avenir de la frontière irlandaise et le "règlement financier" des engagements de Londres déjà pris au sein de l'UE, évalués jusqu'à 100 milliards d'euros.

Les Britanniques semblent avoir accepté ce tempo. "Le fait qu'ils viennent, qu'ils acceptent de parler des sujets qu'on a définis, ça montre que les 'clashes' sont sous contrôle", a expliqué un diplomate européen de haut rang à l'AFP.

A la veille de l'ouverture formelle des négociations sur le #Brexit, quelques éléments à connaître sur le processus: https://t.co/O4p2ef2qaC pic.twitter.com/H3Jaw31ONW

— CommissionEuropéenne (@UEfrance) 18 juin 2017

Le gouvernement britannique en difficulté

"Le meilleur moyen de passer cette semaine est de reconstruire la confiance, de lancer un processus constructif sans trop de feux d'artifice", analyse un haut responsable européen, jugeant que les deux parties ont "un intérêt commun cette semaine : montrer que nous n'allons pas d'un désastre à un autre".

Côte britannique, les difficultés du gouvernement s'accumulent en effet. Désignée en juillet 2016 par le Parti conservateur pour remplacer l'initiateur du référendum David Cameron, la Première ministre Theresa May, partisane d'un Brexit "dur" (synonyme notamment d'une rupture totale avec le marché unique européen) est très fragilisée. Elle a perdu sa majorité absolue au Parlement à la suite de législatives anticipées le 8 jui, et est sous le feu des critiques pour sa gestion de l’incendie de la tour Grenfell à Londres.

"Il y a une énorme insécurité chez les Européens, qui se demandent combien de temps elle va tenir", confie un diplomate de haut rang, considérant qu'un interlocuteur affaibli ne peut que nuire aux négociations. Theresa May, qui a plusieurs fois dit préférer "aucun accord plutôt qu'un mauvais accord" avec l'Union européenne, aura l'occasion de préciser elle-même ses plans devant les 27, lors d'un sommet européen prévu jeudi et vendredi à Bruxelles.

"La porte est toujours ouverte"

Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, déclarait dimanche que "la porte (était) toujours ouverte" pour le Royaume-Uni dans l'Union européenne s'il revenait sur sa décision de la quitter. Il reprenait les propos du ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, et d’Emmanuel Macron après l'échec de Theresa May aux élections législatives. Le président français prévenait qu’une fois les négociations achevées, "il sera beaucoup plus difficile de revenir en arrière".

Ce à quoi David Davis a répondu, dimanche, que "partir nous donne l'occasion de doter le Royaume-Uni d'un nouvel avenir brillant, un avenir dans lequel nous serons libres de contrôler nos frontières, d'adopter nos propres lois et de faire ce que font les pays souverains".

"Je pense que l'ensemble du processus mènera à une issue heureuse", positive pour "les deux parties", a lancé pour sa part le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson, en arrivant à une réunion avec ses homologues de l'UE à Luxembourg.

Avec Reuters et AFP