«La voie royale», titre Le Soir, qui prédit que le mouvement présidentiel, la République En Marche, obtiendra une majorité absolue, à l’issue du second tour des législatives, dimanche prochain – ce qui signifie qu’Emmanuel Macron «aura les mains libres pour gouverner», selon le quotidien belge. «A 39 ans, ce président que personne n’attendait est en passe de décrocher les pleins pouvoirs au terme d’un big bang inouï qu’il a  lui-même orchestré en moins d’un an et demi», écrit Le Soir, qui rapporte que le gouvernement «veut voir» dans les résultats d’hier «la validation de ses premiers pas», malgré la participation «extrêmement faible» du premier tour, avec plus d’un électeur sur deux qui n’est pas allé voter. Une analyse fondée également sur le fait que les ministres engagés dans la course se retrouvent tous en ballottage très favorable, à une exception près. Le Soir, lui, évoque plutôt une abstention qui transformerait la victoire «en trompe-l’œil», comme la manifestation d’«une fracture qui ne n’est pas résorbée ». «Emmanuel Macron, prévient le journal,  bénéficie d’un alignement parfait des  planètes. Il ne lui sera rien pardonné».

«La déferlante Macron se dirige vers l’Assemblée nationale», annonce L’Orient Le Jour. D’après le quotidien libanais, le score du camp présidentiel, présenté comme un «camouflet pour la droite, le parti socialiste et le Front national», devrait permettre au chef de l’Etat de mener «sans entraves son programme de réformes».

La presse allemande parle de «triomphe» pour Emmanuel Macron. Tout comme ses confrères, Der Frankfurter Allgemeine Zeitung prévoit une majorité absolue pour son mouvement, dimanche prochain. Une victoire annoncée, supposée écrire le «chapitre 2» de la «révolution» promise durant sa campagne. «Ce qui est en cours en France est en effet une révolution, les partis traditionnels sont balayés», écrit le journal, qui explique la popularité d’En marche par la déception des électeurs face au «manque de résultats produit par l’alternance entre les socialistes et les conservateurs» - une alternance qui aurait conduit à «l’impasse», et à un «manque de réformes» préjudiciable à la croissance. «Maintenant que nous avons le président Macron, donnons-lui une majorité pour gouverner», auraient considéré les électeurs, selon le journal, qui attribue la très faible participation à une sorte de «léthargie, après des mois de marathon électoral». Der Tagesspiegel évoque «un changement en cours chez nos voisins, qui ne peut être que bon pour l’Europe» - «à condition qu’Emmanuel Macron parvienne à faire adopter sa réforme du droit du travail sans jeter les syndicats sur les barricades». The Financial Times, qui rappelle que la moitié des candidats de la République en marche n’ont jamais occupé de poste politique auparavant, affirme que la «large victoire» du président «suscite l’espoir au-delà de l’Hexagone». Une victoire «importante pour la France, mais peut-être encore plus pour l’eurozone, l’Union européenne et l’Europe dans son ensemble», selon le journal : «après le second tour, dimanche prochain, M. Macron disposera d’un mandat incontestable pour mettre en œuvre le programme de renouveau économique et les changements de la vie publique pour lesquels il a été élu le 7 mai dernier».

«Triomphe» pour Emmanuel Macron, estime aussi El Pais, en Espagne. Loin de voir, comme plusieurs de ses confrères le signe d’une victoire en demi-teinte voire en trompe-l’œil dans le niveau très élevé de l’abstention, le quotidien espagnol ne perçoit pas l’ombre d’un nuage sur le «raz-de-marée» de ce premier tour : «le triomphe d’Emmanuel Macron à la présidentielle pouvait être attribué à une série de circonstances, et entre autres, à la faiblesse de ses rivaux. Mais cette fois, la victoire sans appel de son mouvement démontre, non seulement qu’Emmanuel Macron n’est pas un président accidentel, mais qu’il est aussi le chef du nouveau courant politique désiré par les Français».

En Suisse, Le Temps est nettement plus sceptique. D’après le quotidien, celui qu’il appelle «le jeune président français» a certes de nouveau séduit ceux qui avaient voté pour lui il y a un mois, mais l’adhésion à son projet ne dépasserait pas «cet électorat-là », tandis que toute une partie de ses concitoyens demeureraient « sceptiques », choisissant de voter « avec leurs pieds en boudant les urnes». «On voit bien le danger, écrit Le Temps: celui d’une opposition qui, hors du parlement, se jouera dans la rue». «Le quinquennat qui démarre doit absolument renouer avec cette France-là», prévient le journal, qui rappelle également que beaucoup de nouveaux élus étant des inconnus dans leur terre d’élection, cela laisse aussi ouverte la question suivante: comment fonctionneront-ils?  Comment se positionneront-ils face aux élus traditionnels repliés dans leurs mairies ou dans leurs exécutifs départementaux et régionaux? «La marche des nouveaux députés pro-Macron ne fait que commencer», annonce le journal, tandis que Russia Today se dit pour sa part très préoccupé par l’ampleur de la victoire de la République en marche. «Emmanuel Macron, la menace d’un président absolu», s’affole le média officiel russe. « Bénéficiant d’une abstention record, et peut-être même de la résignation des électeurs, LREM est en passe de tout rafler, ne laissant aucune place à l’opposition», «confinant l'Assemblée nationale au rôle d'une chambre d'enregistrement, peuplée de députés souvent novices ou dociles», s’alarme le site de Russia Today - désigné il y a peu par Emmanuel Macron comme un «organe d’influence et de propagande» au service du Kremlin.

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