Au menu de cette revue de presse internationale, mercredi 7 juin, les incohérences de la Maison Blanche face à la mise en quarantaine du Qatar par les pays du Golfe. Et la multiplication des polémiques après les attentats de Londres.
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Au menu de cette revue de presse internationale, la crise diplomatique entre l'Arabie saoudite, l'Egypte, Bahrein, les Emirats arabes unis et le Qatar.
L’émirat est accusé par ses voisins du Golfe de soutenir les Frères Musulmans et l'Iran, rappelle L’Orient Le Jour, qui annonce que Riyad reste «inflexible»: «Doha doit rentrer dans le rang» - une fermeté qui va compliquer la tâche des diplomates koweïtiens et turcs, qui ont proposé leur médiation, d’autant que le Qatar ne semble pas tout à fait disposé à courber l’échine. C’est en tout cas ce que laisse présumer un dessin publié par la journal qatari Al Arab, qui montre l’émirat levant le poing, sur fond de drapeaux nationaux.
C’est dans ce contexte tendu que Donald Trump a affiché, hier, son soutien à l’Arabie saoudite. Le président américain a notamment salué le fait que la mise au ban du Qatar allait, peut-être, contribuer à affaiblir le terrorisme. «Trump soutient l’isolement du Qatar, malgré le fait que l’émirat abrite la plus importante base militaire américaine de la région, une base cruciale dans la guerre contre le groupe Etat islamique», titre The Financial Times, qui rapporte que le Pentagone a réagi aux déclarations de Donald Trump en faisant part de sa «gratitude» envers Doha, le porte-parole de la Maison-Blanche évoquant quant à lui la nécessité d’une «désescalade» rapide et du rétablissement de la «coopération» dans la région. Un message finalement repris par Donald Trump himself, dans une conversation téléphonique en fin de journée, avec le roi Salman d’Arabie saoudite. Cette tentative d’apaisement ne convainc toutefois pas The Washington Post, qui met en garde la Maison-Blanche contre les répercussions de cette crise diplomatique – des tensions qui menacent les intérêts vitaux des Etats-Unis dans la région, y compris leur campagne contre le groupe Etat islamique. «A ce titre, il est stupéfiant, à défaut d’être étonnant, que le président Trump se targue d’avoir mis un coup de pied dans la fourmilière», critique le journal.
C’est également dans ce contexte que CNN a affirmé, hier, que la Russie était derrière le piratage de l'agence de presse officielle du Qatar. La chaîne d'information américaine, citant des enquêteurs américains, assure que le but des pirates était de provoquer des divisions entre les États-Unis et leurs alliés du Golfe. Des révélations dans la lignée des déclarations de plusieurs responsables qatari, qui avaient déjà déclaré avoir fait l'objet d'une attaque informatique – qui se serait manifestée par la publication sur le site de l'agence de presse de faux propos attribués à l'émir cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, notamment sur la nécessité de dialoguer davantage avec l’Iran.
Au Royaume-Uni, la polémique sur les éventuelles responsabilités des uns et des autres se poursuit, quatre jours après l’attentat de Londres. Les propos de la Première ministre, qui a fait le lien entre l’idéologie musulmane extrémiste et le terrorisme, continuent de faire des vagues. «Theresa May veut parler de l’extrémisme? Qu’elle commence par les liens entre le Royaume-Uni et l’Arabie saoudite», lance The Guardian, qui critique la façon dont les dirigeants occidentaux auraient «fustigé les musulmans, pour ne pas avoir suffisamment lutté contre les radicaux, tout en brossant dans le sens du poil les propagateurs du djihad», ou en choisissant de faire l’autruche face à certaines situations, comme le fait, par exemple, que l’Arabie saoudite finance un réseau d’écoles coraniques au Pakistan, les madrasas, où sont scolarisés actuellement près de 2 millions d’enfants. Des établissements présentés comme des «incubateurs du radicalisme», où de jeunes garçons, impressionnables, issus de milieux pauvres, sont supposés recevoir une éducation et des repas gratuits – mais sont d’abord et avant tout nourris, en réalité, des principes du wahhabisme, cette version fondamentaliste de l’islam pratiquée en Arabie saoudite.
Theresa May a aussi pointé du doigt les réseaux sociaux. Son discours apparaît d’autant plus suspect aux yeux du journal Le Temps, qu’il n’apparaît pas, du moins pour le moment, que ces derniers aient été en lien direct avec l’attentat. Le quotidien suisse cite ce commentaire d’un expert britannique du terrorisme: «Peu de gens se radicalisent exclusivement en ligne. Blâmer les plateformes de médias sociaux est pratique politiquement, mais intellectuellement paresseux». Selon un autre expert, l’important, dans ce domaine, serait surtout de définir un standard international sur les contenus autorisés ou non, ce qui implique toutefois de se mettre d’accord sur une définition de la liberté d’expression.
La lutte contre le terrorisme implique une coopération internationale étroite, notamment entre pays européens, rappelle The Wall Street Journal, qui regrette que le paysage policier et sécuritaire européen soit aussi fracturé – ce qui selon lui aurait constitué un obstacle considérable, pour arrêter les attentats. The Wall Street Journal en veut notamment pour preuve la polémique qui a éclaté entre l’Italie et le Royaume-Uni sur le troisième attaquant de Londres identifié. Youssef Zaghba, un Italien d’origine marocaine, âgé de 22 ans, habitait dans l’est de Londres et aurait été arrêté en 2016 par les autorités italiennes alors qu’il tentait de se rendre en Syrie, puis signalé par ces dernières aux autorités britanniques. Des révélations publiées par le Corriere della Sera en Italie, mais démenties par la police britannique et le MI5, qui ont assuré ne pas connaître Zaghba.
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