Plutôt qu'une "task force anti-Daech", l'Élysée a annoncé mercredi la création d'un "centre national de contre-terrorisme", pour piloter l'ensemble du renseignement. Une initiative saluée par Arnaud Danjean, spécialiste des questions de défense.
Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s'était engagé à créer une "task force anti-Daech". C'est désormais chose faite, avec l'annonce, mercredi 7 juin, par l'Élysée de la création d'un "centre national du contre-terrorisme" chargé du "pilotage stratégique" de l'ensemble des services de renseignement. Cette structure, qui sera placée sous l'autorité directe du chef de l'État, comptera une vingtaine de personnes – des représentants des différents services et des analystes – et fonctionnera 24/24 h.
Intégrée au sein de l'actuelle coordination nationale du renseignement (CNR), elle sera dirigée par Pierre de Bousquet de Florian, président de Civipol, société de conseil et de services liée au ministère de l'Intérieur, et ancien numéro un de la direction de la surveillance du territoire (DST). Pour l'entourage du président Macron, on souligne qu'il s'agit de "s'assurer que les services de renseignement coopèrent véritablement" pour lutter contre le terrorisme, sans toutefois déléguer la conduite opérationnelle des services déjà existants, comme le laissait entendre auparanvant l'appellation "task force".
Le changement de vocabulaire pour centre national du contre-terrorisme "rassure" le député européen LR Arnaud Danjean, spécialiste des questions de défense et qui avait participé à l’élaboration du programme d'Alain Juppé sur le terrorisme.
L’abandon du terme "task force" est-il significatif ?
Arnaud Danjean : Ce changement de vocable est très important : j’étais très réservé sur l’idée d’une "task force" à but opérationnel avec 50 à 100 personnes comme cela était annoncé. En outre, parler de "task force anti-Daech" n’avait pas de sens, car la lutte contre le terrorisme ne se limite pas à l’organisation État islamique. Désormais l’Élysée parle d’un "centre national de contre-terrorisme" avec une vingtaine de personnes au sein de l'actuelle cellule de coordination nationale du renseignement (CNR). La visée est plus stratégique, avec, vraisemblablement, des missions de synthèse, de coordination et de prospective. Je craignais des annonces avec un effet d’affichage, je suis plutôt rassuré.
Quelle est la pertinence de cette nouvelle structure ?
Il y a de la place pour une petite structure effectuant de la coordination stratégique. Pas pour se substituer aux structures plus opérationnelles, qui sont déjà très sollicitées et travaillent en flux tendus. Ce serait une erreur de prélever des effectifs importants dans les services pour les affecter à une nouvelle structure. Cela a, semble-t-il, été évité.
Que pensez-vous du choix de Pierre de Bousquet de Florian, ancien numéro un de la DST, pour la diriger ?
Mettre à la tête de cette nouvelle structure un Préfet qui a dirigé une agence de renseignement, quelqu’un d’expérimenté, va dans le bon sens. Bernard Emié à la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) est également un bon choix.