
La capitale britannique a basculé dans l'horreur samedi soir après qu'une camionnette a foncé dans la foule sur le London Bridge. De nombreuses personnes ont raconté scènes de panique mais aussi de guerre.
C’est le récit d’une nuit d’horreur. À 22 h 07 samedi 3 juin, une camionnette blanche fonce dans la foule sur le London bridge, un pont fréquenté à la fois par les piétons et par les automobilistes, au cœur de la capitale britannique. Selon une journaliste de la BBC, le véhicule roulait à 80 km/h, alors que la vitesse autorisée est de 20 mph, soit environ 30 km/h.
"J'ai vu une camionnette rouler en zigzag en tentant de faucher un maximum de personnes. Les gens essayaient d'échapper à la course du véhicule. J'ai ensuite essayé d'aider les blessés, des jeunes essentiellement", a raconté à la BBC un témoin, Alessandro.
"Ils couraient et poignardaient tout le monde"
Horrifying testimony of #LondonAttacks - attackers shouted Allah, people through bottles and stools at them pic.twitter.com/PTItTlI73z
— Chris Koseloglou (@chriskose) 4 juin 2017Des témoins se précipitent pour aider une demi-douzaine de personnes heurtées par la camionnette blanche, dont une femme projetée en l'air par la force de l'impact. La panique saisit les piétons alentours, nombreux en ce samedi soir de finale de la Ligue des champions.
Très vite la police est alertée. La camionnette, elle, poursuit sa course au sud de la Tamise. Elle finit par s'encastrer dans la clôture entourant la cathédrale de Southwark, non loin du pub The Barrowboy & Banker. Les trois passagers de la camionnette, armés de couteaux, se précipitent dans les bars des alentours et poignardent au hasard les fêtards, les passants et les commerçants. Ils portent des vestes avec ce qui ressemble à une ceinture explosive, qui s'avèreront fausses, afin de paniquer davantage la foule et de compliquer l'intervention des forces de l'ordre.
"C'est une attaque terroriste, j'en suis sûr. J'ai vu une camionnette heurter la rambarde de London Bridge, puis un homme sortir avec un couteau pour se diriger vers un bar", a déclaré Dee, une habitante de Londres de 26 ans, à l'AFP. L'attaque a été revendiquée dimanche soir par l'organisation État islamique.
"Ces hommes étaient jeunes, raconte un témoin. Ils avaient probablement 20 ans ou peut-être un peu moins. Ils étaient habillés en noir mais je les ai vus de dos. Il y avait de nombreux policiers, mais ils ressemblaient plus à des policiers anti-émeutes. Je n’ai pas vu d’armes ou quelque chose de ce genre. Il y avait beaucoup de policiers. J’étais au vernissage d’un ami ce soir et quelqu’un est arrivé après avoir traversé le pont à vélo. Il était terrifié. Il a raconté que quelqu’un poignardait les passants au hasard".
Attentat du London Bridge : "Quelqu'un poignardait les passants au hasard"
Alex Shellum était au Mudlark pub avec sa petite amie et deux amis, lorsqu'il a vu arriver à 22 h une femme saignant abondamment au cou. "On venait de lui trancher la gorge et les gens essayaient d'arrêter l'hémorragie", a-t-il dit à la BBC.
"Pourchassé avec un couteau"
"Mon petit ami, Nicola, a été pourchassé par un des assaillants avec un couteau", a rapporté à l'AFP Bea Corkhill, une lycéenne de 17 ans. "Il va bien car l'assaillant a fini par s'arrêter. Je veux rentrer chez moi, c'est horrible", a-t-elle ajouté au bord des larmes.
Ce serveur d'un restaurant du Borough market raconte avoir vu les terroristes devant lui : "Nous avons vu des fous, des gens avec des couteaux. Ils poignardaient les gens, ils s’en fichaient du reste", raconte-t-il. "J’ai vu trois personnes mais ils disent qu’ils étaient plus nombreux. Je ne sais pas vraiment combien ils étaient. Ils ont blessé trois personnes juste devant nous."
Attentat du London Bridge : "Ils poignardaient les gens, ils s’en fichaient du reste"
Interrogé par The Guardian, Owen Evans était dans un pub proche de Borough Market. "J'étais au fond du Wheatsheaf. Une vague d'au moins 30 personnes a couru et a essayé de rentrer dans des placards ou dans la cave. C'est là qu'il y a eu des tirs à l'extérieur. Cela ne semblait pas réel, comme quand un enfant s'amuse avec des pétards. On a vu des lumières de police et tout le monde est allé sous les tables. Les gens les retournaient. On a attendu au moins 10 minutes, il y avait des tirs toutes les deux minutes. Quelqu'un devant le pub a été touché. On pensait que c'était par accident, il y avait des impacts de balle dans les fenêtres. Les gens autour criaient pour trouver un médecin en criant : 'Il pisse le sang, on a besoin d'un médecin'. Ensuite, les policiers nous ont dit de quitter le pub et de fuir."
Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent la police entrer dans des bars et des restaurants pour sommer sans ménagement les clients de se coucher sous les tables, en hurlant : "Baissez-vous, baissez-vous".
Video by James Yates alias Yatesy 17 on Twitter
London bridge bar now. Police everywhere pic.twitter.com/0gWH9jhgdX
— James Yates (@Yatesy17) 3 juin 2017"Je viens de parler avec un chef cuisinier qui avait du sang sur l'épaule. Il était sous le choc. Il m'a dit que trois personnes avaient attaqué son restaurant avec des couteaux et des machettes", a rapporté à l'AFP Gerard Kavanar, 46 ans, qui habite le quartier.
"J’étais à l’extérieur de Borough market et j’ai vu des tas de gens qui fuyaient, raconte un jeune homme présent sur les lieux. Il y avait des gens à terre, un chauffeur de taxi qui avait baissé sa vitre pour crier aux gens de fuir. Nous avons couru une centaine de mètres et puis il y a eu un échange de tirs très intense. Je suis resté dans le sous-sol d’un restaurant pendant environ une heure. La police nous a demandé de sortir mais il y a eu d’autres coups de feu. Nous nous sommes cachés à nouveau pendant une demi-heure et nous venons juste d’être évacués."
Attentat du London Bridge : "J'ai vu des tas de gens qui fuyaient"
La police a confirmé avoir ouvert le feu à Borough Market, célèbre marché situé juste à côté du pont, sur la rive sud. Scotland Yard a également fait état d'un "troisième incident", à Vauxhall, au sud de la capitale, mais l'intervention n'était finalement pas "liée au terrorisme".
Tout le monde ici a encore en mémoire l'attaque du 22 mars, lorsqu’un homme avait foncé sur la foule sur le pont de Westminster, tuant quatre personnes avant de poignarder à mort un policier devant le Parlement.