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Venezuela : le président Maduro s'accroche à son projet contesté de réforme de la Constitution

L'opposition vénézuélienne qui exige le départ du président Nicolas Maduro et organise des manifestations depuis bientôt trois mois, refuse la création de la Constituante, y voyant une manœuvre dilatoire du pouvoir.

Alors que l'opposition manifeste de manière quasi-quotidienne depuis le 1er avril pour exiger son départ, le président socialiste vénézuélien Nicolas Maduro s’accroche à son projet d'assemblée constituante.

En effet, l'inscription des candidats à la Constituante voulue a commencé mercredi. "Le pays est en train d'emprunter le chemin de la Constituante, c'est un grand jour (...). Allez vous inscrire, candidats et candidates à l'Assemblée nationale constituante !", a-t-il lancé mardi soir à la télévision d'État VTV.

De son côté, l'opposition, qui dénonce une manœuvre présidentielle dilatoire destinée à maintenir le successeur d’Hugo Chavez au pouvoir, a annoncé qu'elle ne participerait pas à l'Assemblée constituante, qui doit compter 545 membres, car elle considère comme "frauduleux" le système prévu pour désigner les membres de l'assemblée. Elle accusait le président de vouloir y faire élire ses partisans lors du scrutin prévu fin juillet, afin de contrôler la future assemblée.

Henrique Capriles, l'un des principaux dirigeants de la coalition d'opposition (MUD), a prévenu que toute inscription d'un antichaviste (du nom du défunt président) serait considérée comme une "trahison".

Nicolas Maduro dit voir dans le processus de constituante lancé la semaine dernière un moyen d'affronter la grave crise politique, économique et sociale qui affecte son pays, dont l'économie a été laminée par la chute des cours du brut, source de 96 % de ses devises.

Le Venezuela vit en effet l'une des pires crises économiques de son histoire, et son inflation, stimulée par les pénuries, est devenue totalement incontrôlable, à 720 % cette année selon le FMI. Dernière mauvaise nouvelle en date : le bolivar a dévissé mercredi de 64,13 % face au dollar.

Réunion de l'Organisation des États américains sans avancée significative

Sur la scène internationale, un mini-sommet des ministres des Affaires étrangères dédié à la crise vénézuélienne s'est tenu mercredi à Washington au siège de l'Organisation des États américains (OEA), instance dont le Venezuela a récemment annoncé son départ. Cette 29e réunion de consultations devait approuver un document avec une position commune, mais les débats ont été suspendus sans avancée significative.

Toujours sur le plan diplomatique, Julio Borges, le président du Parlement vénézuélien, seule institution contrôlée par l'opposition, a demandé à son homologue du Parlement européen, l'Italien Antonio Tajani, l'adoption de sanctions contre le régime de Nicolas Maduro.

Vols et violences

Sur le terrain, le mouvement de contestation entre ce jeudi dans son troisième mois. L’opposition exige toujours le départ du président, des élections et le retrait du projet d'Assemblée constituante.

Plusieurs personnes, dont un photographe de l'AFP, ont été blessées mercredi lors de nouveaux affrontements avec les forces de sécurité et ont dénoncé des agressions et vols commis par des membres de la Garde nationale.

Depuis le début du mouvement, 60 personnes ont été tuées et un millier d'autres blessées lors des manifestations, les deux camps s'accusant mutuellement d'avoir recours à des groupes armés pour semer la violence.

Avec AFP